Développement durable – recyclage – attitude écoresponsable…
….même en HI-FI
A l’heure où notre planète se « dégrade », où les pollutions en tous genres ne cessent d’être décriées, à l’heure où les matières premières se raréfient, deviennent chères, etc…, il m’avait semblé que notre petit monde fermé de la HI-FI était un peu à part et ne semblait pas réellement concerné par les questions « environnementales » au sens le plus large du terme.
Aussi, quel rapport peut-il bien y avoir entre une forme de Graal musical et l’avenir de la planète ? Visiblement, il y en a bien un. Beaucoup pensent que la « sphère Audiophile » à laquelle nous appartenons est très marginale en regard de notre « consommation » intensive par rapport à d’autres biens de consommation plus usuels ou nécessaires à notre survie ou notre bien-être.
Le monde change et l’industrie de la Haute-Fidélité est (lentement et progressivement) en train, elle aussi, d’évoluer. De fait, il y a fort à parier que dans les années à venir, les habitudes d’achat vont peu ou prou être bouleversées.
Aujourd’hui déjà, tout est remis en question. Cela touche inéluctablement la sphère Haute-Fidélité. Certains manufacturiers souscrivent à une attitude qu’ils souhaitent écoresponsable. Ceux-ci en font même un slogan publicitaire, qui va même jusqu’à une démarche marketing clairement affichée. Pour l’exemple, il n’est plus rare de voir certaines marques entrer dans l’univers de la Classe D d’amplification. Leurs arguments sont recevables : les amplificateurs sont plus compacts, ils requièrent moins de matières usinés, ils chauffent moins et, surtout, sont moins énergivores sur le plan énergétique. En sont-ils pour autant meilleurs ? ça reste à prouver !
Un second thème m’interpelle également depuis quelques années : celui de la réparation des anciens éléments audio. A défaut de pouvoir ou de vouloir changer d’appareils, une frange d’auditeurs ou de mélomanes ont pris le parti de faire remettre en état les appareils qui sont chers à leur cœur et qui, en définitive, leur conviennent parfaitement sur le plan sonore. Ces remises à niveau, assorties parfois d’un reconditionnement partiel ou total, sont économiques et génèrent peu de déchets. Cette approche évite aussi de passer par la case recyclage qui, elle aussi a inévitablement un coût.
Un troisième thème, plus marginal celui-là, consiste à relocaliser (partiellement) dans le pays d’origine quelques références. Il en a été question dans l’édito du mois d’avril 2023. Cette question suscite d’ailleurs des interrogations. Quelles motivations inspirent les propriétaires des (rares) marques concernées ? Prestige, coup de communication, coût de production inférieur et j’en passe. Toujours est-il, qu’en pareil cas, le cout du transport et son impact sur l’environnement (tout est relatif) serait loin d’être négligeable. En valeur absolue, c’est à la fois vrai et faux, s’il est envisagé d’exporter les produits vers d’autres pays. Je ne suis donc pas persuadé que cet argument soit déterminant dans le choix opéré par les marques concernées.
Quatrième volet intéressant : en 2014, la société Bretonne M Com’ Musique a mis au point une méthode pour presser des disques noirs, non plus à base de vinyle mais à l’aide d’une matière organique 100% propre et recyclable puisqu’il s’agit d’algues marines brunes. D’autres manufactures s’essayent à d’autres méthodes tels que les matières plastiques de récupération. J’avoue ne pas avoir de retours sur ces productions écoresponsables et innovantes. Je pense que l’on est encore loin d’une production de masse, mais ces initiatives méritent d’être mentionnées.
S’agissant maintenant des fabricants petits ou grands de matériels, j’avoue avoir du mal à repérer une marque réalisant des produits qui s’inspirent de « méthodologies » 100% vertueuses sur le plan environnemental. Hormis les composants électroniques, nous pourrions imaginer des châssis, des façades, des ébénisteries, des membranes de haut-parleurs issus d’une production « verte » au sens le plus large du terme. A ce titre, REGA se lance dans l’aventure. Le Britannique est fier d’apporter une première pierre à l’édifice avec sa démarche « Green Grade » qu’il applique à sa platine de début de gamme Planar 1 baptisée pour la circonstance Eco Deck. L’idée est d’utiliser des pièces jugées irrécupérables par l’équipe de recherche et développement.
Au lieu de mettre au rebus les pièces présentant des défauts esthétiques, REGA a décidé d’utiliser ces pièces pour fabriquer les produits Rega Green Grade. Ces produits fonctionneront parfaitement et sont accompagnés d’une garantie à vie illimitée contre les défauts de fabrication. Le constructeur Britannique de préciser que les défauts apparents ne remettent nullement en cause la musicalité.
Il n’est pas improbable que dans un futur pas trop éloigné, d’autres constructeurs de renom emboîtent le pas pour réaliser des produits pleinement respectueux de l’environnement. Toutefois, si l’idée est dans les têtes, elle est loin d’être la règle, bien moins encore, d’être la première préoccupation des manufacturiers spécialisés.
Voilà un beau sujet sur lequel quelques entreprises commencent à méditer. Même si les « plans de bataille » sont actuellement embryonnaires, nous voyons bien que dans notre petit monde audiophile, si marginal soit-il, les lignes sont en train de bouger. Gageons, toutefois, que ces petits pas modifieront les attitudes des acteurs du secteur et offriront à tous un avenir meilleur et moins gaspilleur, sans rien concéder à la qualité de la reproduction musicale – les deux n’étant pas incompatibles. Mais, là, il y encore du boulot…