Origine : Japon
Amplificateur intégré à transistors
Puissance : 2 x 30 Watts / 8 Ohms
Puissance : 2 x 60 Watts / 4 Ohms
Réponse en fréquence : 10 Hz à 100 kHz
Taux de distorsion : < 0,4 %
Rapport signal / bruit entrée ligne : 106 dB
Rapport signal / bruit entrée phono MM : 81 dB
5 Entrées Ligne RCA
1 Entrée Phono MM
1 Sortie Ligne fixe
1 Sortie casque jack 6,35 en façade
1 Entrée Power Amp Direct
1 Entrée numérique coaxiale S/PDIF
1 Entrées numérique optique
Après un succès grandissant dans les années 60 / 70, PIONEER s’était par la suite diversifié sur des segments qui l’avaient éloigné de la haute-fidélité d’exception. A l’heure actuelle, PIONEER continue à réaliser des produits grand public et vise à soigner son image de marque. Depuis une quinzaine d’années, PIONEER semble renouer avec le monde de la haute-fidélité en proposant des produits innovants et finalement « valables » musicalement parlant.
C’est sur ce simple critère que sont nés les produits de la gamme actuelle comprenant des sources numériques (lecteurs réseau et lecteurs de CD / SACD) et une série d’amplificateurs intégrés à laquelle appartient l’A-40AE.
Sous sa livrée noire ou silver, au choix, l’A-40AE se présente sous la forme d’un amplificateur de facture très classique. La face avant en aluminium brossée regroupe un grande nombre de fonctions. Au côté du gros potentiomètre de volume motorisé, prennent place un sélecteur de sources, un réglage de grave et aigu séparés, un réglage de balance et quatre touches de fonctions. La première active ou désactive les deux paires d’enceintes acoustiques (A ou B), la seconde (mode direct) met hors fonction les réglages de tonalité, la troisième est destinée à utiliser le A-40AE comme simple bloc de puissance (mode Power Amp Direct) et la quatrième active le Loundness !
Enfin une prise casque au format jack 6,35 vient compléter cette face avant à la finition irréprochable et à l’organisation intuitive de chaque fonctionnalité.
L’intérieur du châssis en tôle pliée abrite deux sections distinctes et bien séparées. D’un côté, une grande carte qui rassemble toute l’électronique ainsi que deux condensateurs électrolytiques d’une valeur 10.000 microFarads développés en collaboration avec Elna. Pour l’étage de sortie, PIONEER a choisi des transistors Sanken B1560 / D2390 disposés par paire pour chacun des canaux.
Cette carte principale à schéma asymétrique est complétée d’une carte Dac sur laquelle est implantée une puce Wolfson 24 bits / 192 kHz.
De l’autre côté du vaste radiateur de dissipation thermique, faisant également office d’écran contre toute forme de parasitage, nous trouvons les circuits isolés de l’alimentation, sur laquelle le constructeur ne s’étend pas. L’organisation est méthodique et le montage soigné.
Bien qu’une section Dac soit intégrée, cet amplificateur fait la part belle aux entrées analogiques. Nous trouverons 1 entrée phono MM et 5 entrées Ligne sur connecteurs RCA. S’ajoutent 1 sortie fixe pour un enregistreur analogique (sans boucle monitoring) ou un amplificateur pour casque, ainsi qu’une paire d’entrées RCA spécifiques pour utilisation de la seule section de puissance. Vu la faible puissance annoncée, je ne vois pas réellement d’intérêt à cette utilisation.
Les entrées numériques se limitent à 1 entrée optique et 1 entrée coaxiale S/PDIF. Avec 8 bornes de sorties HP, il sera possible de connecter 2 paires d’enceintes acoustiques, ou d’avoir recours à la formule du bi-câblage.
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile avec les éléments suivants :
– Platine vinyle THORENS TD 166 Mk2 & cellule REGA Elys2
– Lecteur CD YBA Classic Player 2
– Enceintes acoustiques RECITAL Audio Define Hefa EX
– Enceintes acoustiques PE LEON Kantor
– Casque d’écoute AUDIO-TECHNICA ATH-A2000Z
– Câbles de modulation asymétriques ESPRIT Aura, ESPRIT Beta 8G 2019, VAN DEN HUL the Orchid
– Câbles HP ESPRIT Aura, ESPRIT Beta 8G 2019
Pour l’alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615 et ESPRIT Volta, câble secteur de tête FURUTECH G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. Câbles secteur ESPRIT Celesta & Eterna.
• CD sélectionnés : Les Égarés ~ Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien, Vincent Peirani – Prodiges ~ Camille Berthollet – Le Son Plaisir ~ Onkyo CD test 1992 – Naim CD test Sampler N°6 – Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield – Ainsi parla Zarathoustra : Richard Strauss ~ Direction Lorin Maazel – Meedle ~ PinkFloyd – Russian, Klezmer & Gipsy Music ~ Sirba Orchestra – Toccata & Fugue – Jean-Sébastien Bach ~ transcription et direction d’orchestre : Léopold Stokowski – Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Quiet Nights ~ Diana Krall – The Singing Clarinet ~ Giora Feidman – Rive Droite – Rive Gauche ~ Swing Band meets Daniel Huck (Edition Passavant Music) – Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek – Les Marquises ~ Jacques Brel – Barry Lindon ~ bande originale du film, etc…
• Vinyles sélectionnés : Quiet Nights ~ Diana Krall – Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield – Soul Bossa Nova ~ Quincy Jones – Nameless & Stay Tuned ~ Dominique Fils-Aimé – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Barry Lyndon ~ bande originale du film – La découverte ou l’ignorance ~ Tri Yann – Concertos Brandebourgeois N° 1,2,3 de Jean-Sébastien Bach ~ The English Chamber Orchestra ~ Direction Benjamen Britten – Holliwood – Workshop & Down Home ~ Chet Atkins – Shadow Hunter ~ Davy Spillane – « Jalousie » par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli – Ted Heath salutes Benny Goodmann – The Complete ~ Mike Oldfield – Swinging Safari ~ Bert Kaempfert – Contrastes ~ Pachacamac – Guitar Genius ~ Chet Atkins – All Time Favorite Melodies of Japan – Le Vaisseau de Pierre ~ Tri Yann – Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach interprétée aux grandes orgues par Marie-Claire Alain, etc…
Signature sonore – nature des timbres – philosophie musicale
Registres aigu & médium
• Prodiges ~ Camille Berthollet
Pendant de longues années, les amplificateurs PIONEER nous avaient habitués à une sonorité relativement douce, un peu « enrobée » laissant finalement assez peu de place à la transparence. Cet amplificateur rompt avec cette philosophie. En effet, la bande passante subjective file très haut en laissant les fréquences s’aventurer vers des sphères ascensionnelles. Cela pourrait alors constituer un point fort, mais il semble que le constructeur ait plus ou moins raté son coup. En effet, l’écoute de Prodiges met en lumière un haut du spectre clairement surligné qui ne convient pas réellement au prestige de la reproduction du violon. Celui-ci apparaît comme décharné et artificiellement coloré. Cela nuit au plaisir d’une écoute prolongée, qui à la longue devient finalement assez fatigante.
On peut toujours jouer avec le réglage de tonalité aigu pour apporter un peu plus de douceur, quitte à y perdre un peu en transparence et en nuances. Les fréquences médium sont en revanche de bon ton. Sans agir sur le correcteur de timbre aigu, nous sentons que cet amplificateur travaille bien aux fins d’extraire un bon nombre d’informations. Le massage n’est jamais opaque. C’est même la clarté qui prédomine dans la plupart des cas. Toutefois, il y a à redire sur l’équilibre subjectif entre les fréquences médium et aigu.
Registre grave
• Meedle ~ Pink Floyd
De prime abord, les fréquences graves apparaissent satisfaisantes. Toutefois, elles ne descendent pas à des valeurs très profondes. Si la guitare basse de Roger Waters affiche une bonne lisibilité, celle-ci n’a pas le poids attendu. Elle m’est alors apparue comme un peu légère au regard de l’extrait One of these Days qui, pourtant et habituellement, donne le sentiment que le bassiste s’en donne à cœur joie pour donner du « volume » à son instrument.
Toutefois, on peut admettre un bas du spectre dégraissé, sans trace d’embonpoint. Je ne remettrais pas non plus en question la notion de fermeté. J’attendais une prestations plus « puissante », plus expressive, et même plus démonstrative.
Scène sonore – spatialisation
• Barry Lyndon ~ bande originale du film (CD & vinyle)
Sans apparaître démesurée, l’A-40 AE se distingue par une scène plutôt étendue pour un amplificateur de cette catégorie et de ce prix. L’écoute de la Sarabande de Haendel donne le sentiment d’une belle extension de l’orchestre en largeur et en hauteur. Dès lors, nous bénéficions d’une musicalité aérée, déliée, libre de ses mouvements.
Par ailleurs, l’étagement des plans se traduit par des reliefs relativement bien identifiés. L’ensemble des contrebasses est positionné en bas, tandis que l’ensemble de violons et violoncelles viennent astucieusement se superposer au-dessus. La musicalité n’est pas spécialement démonstrative, mais nous assistons à une mise en perspective des instruments solistes ou plus discrets, et groupes d’instruments de second ou troisième plan. La présentation d’ensemble est étoffée. Cela contribue à ce qui l’amplificateur arrive à dépêtrer des passages les plus complexes, les plus intenses, en leur donnant un minimum de panache.
Capacités de réaction – dynamique – rigueur
• Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida (CD)
l’A-40 AE est loin d’être un foudre de guerre. Cela n’en fait pas pour autant un amplificateur démuni de toute forme de vivacité. Je dirais qu’il est dans la norme des amplificateurs de sa catégorie. Aussi, il tire honorablement son épingle du jeu sur Valéria par le Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida lorsqu’il s’est agi de tester le comportement du complexe vibraphone. L’amplificateur dompte assez bien les brusques changements de tonalité et d’intensité imposés par l’instrument. L’A-40 AE ne se montre pas coincé. On peut même lui attribuer une certaine agilité permettant de changer aisément de registre sans faillir.
Le jeu de contrebasse démontre également une bonne aisance : son tempo est impeccable et ponctue les phrases musicales avec brio. Le jeu de piano suit le même parcours avec une franchise et une réactivité démontrant que l’amplificateur n’a pas tendance à traîner, et qu’il est même dynamique.
Séquence émotion – sens de l’expression
• Les Égarés ~ Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien, Vincent Peirani (CD)
Pas de grandes sensations à attendre de la part de cet amplificateur qui, pourtant fait ce qu’il peut, à défaut de faire ce qu’il faut, pour vous faire déguster le contenu d’une bonne prise de sons. Le CD Les Égarés est sensé vous faire découvrir un univers où se mêlent différentes cultures musicales et, surtout, vous apporter toute l’émotion que Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien, Vincent Peirani font habituellement partager.
L’écoute est plaisante, mais n’apporte pas ce petit « plus » qui touche un auditeur sensible aux sonorités qui se mêlent et s’opposent tour à tour à travers ce « cocktail artistique » qui apporte du plaisir et l’envie d’écouter de la musique. La restitution apparaît, au fil des heures d’écoute, monotone. L’A-40 AE n’est pas un amplificateur qui se polarise sur les nuances. Si l’on peut relever çà et là un bon nombre de détails, la notion de « simplification » du message laisse un auditeur exigeant sur sa faim.
• Les Marquises ~ Jacques Brel (CD)
Les aficionados du répertoire de Jacques Brel pourront trouver leur compte, dans la mesure où le « Maître » s’exprime avec un détachement et un phrasé bien articulés que cet amplificateur relaie sans problèmes. La verve de l’auteur, compositeur, interprète est correctement reproduite. On se laissera facilement bercer par les paroles des Marquises.
La sobre orchestration qui l’accompagne donne aussi le ton. On y entend bien tous les petits « ingrédients » qui donne du sens à la ligne mélodique. Quelques notes de harpe, un arpège de guitare acoustique, se distinguent fort bien des nappes de cordes en toile de fond.
Finalement, plusieurs séance d’écoutes de ce CD m’ont permis de découvrir un amplificateur qui, sur certains styles musicaux, avaient tout de même des prédispositions à délivrer une musicalité chantante. Compte tenu de ce qui précède, ce constat peut même apparaître paradoxal, mais l’A-40 AE ne fait pas mouche à tous les coups.
Entrée phono MM
• Shadow Hunter ~ Davy Spillane (vinyle) • All Time Favorite Melodies of Japan (vinyle) • Nameless ~ Dominique Fils-Aimé (vinyle) • Jean-Sébastien Bach : œuvres pour grandes orgues ~ Marie-Claire Alain (vinyle).
Le module phono intégré ne peut recevoir que des cellules à aimant mobile (MM). Pour la circonstance, j’ai ressorti la platine THORENS TD166 Mk2 accompagné de la cellule REGA Elys2. Sans être trop exigeant, on peut espérer de belles prestations avec de bons pressages vinyles. Cette section phono nous assure d’un affichage de l’image assez large, conforme à celle déjà mentionnée ci-avant. La largeur de scène sonore affiche une bonne dimension d’ensemble. Les effets stéréo sont bien ciblés. Le sentiment d’aération donne aussi le sentiment que la musique respire. La Toccata & Fugue en Ré mineur de Jean-Sébastien Bach a une envergure intéressante, sans toutefois atteindre les dimensions d’un système plus ambitieux.
J’ai été plus perplexe lors de l’écoute de Nameless de Dominique Fils-Aimé. La voix n’a pas la texture naturelle attendue. L’aspect chaleureux et humain laisse beaucoup trop de place aux « sifflantes » qui prennent trop souvent le dessus sur les fins de phrases. Si les percussions sont délivrées de manière étincelante, je peux toutefois leur reprocher de s’éteindre rapidement dans le temps et l’espace. Fort de ce tempérament un peu « sec », la contrebasse se montre d’une grande précision et un suivi des notes satisfaisant. Les cordes « vibrent » correctement, mais pour ceux qui recherchent un peu plus de « corps » et un grave qui descend profondément, leurs vœux ne seront malheureusement pas exaucés, à moins d’agir sur le réglage de tonalité idoine.
Les différents instruments à cordes qui accompagnent le Koto sur All Time Favorite Melodies of Japan incluant l’instrument soliste ne laissent pas de souvenirs inoubliables. Ici encore, il subsiste un déséquilibre entre le haut du spectre, parfois omniprésent, et le milieu du spectre. Je n’ai pas ressenti la beauté habituelle du timbrage et les effets de pureté qui vous apportent un peu de rêve et une sensation totale de bien-être.
Sortie casque
Parmi les nombreuses possibilités de connexions, l’A-40 AE dispose d’une sortie casque au format jack 6,35 en façade. Autant le dire immédiatement, sa présence est anecdotique. Elle peut dépanner pour qui souhaite s’isoler lors d’une écoute individuelle. J’ai senti que le constructeur n’avait pas réellement misé sur cette sortie.
A l’écoute, on ressent une musicalité quelque peu « schématique », manquant de nuances, de variétés. Le haut du spectre affiche une sécheresse pas toujours agréable. Le bas du spectre est à mon sens trop limité pour donner aux octaves les plus graves une assise et du corps aux instruments de musique. Si la transparence est assez bonne, cette formulation « abrégée » déjà mentionnée se traduit par un manque de grain.
En revanche, l’écoute révèle une bonne aération démontrant une image holographique comparable à celle obtenue avec les enceintes acoustiques. Il faut admettre que l’écoute au casque que je définie comme aérée, est démunie de contraintes apparentes. Un amplificateur casque dédié que l’on peut brancher sur la sortie fixe amènera inévitablement une valeur ajoutée.
Section Dac
Je n’ai pas de remarques particulières à formuler concernant la section de conversion N/A. Le lecteur CD a été alternativement connecté à l’amplificateur en mode sortie analogique et directement en mode drive directement à l’entrée coaxiale S/PDIF. Dans les grandes lignes, le convertisseur intégré fait honorablement son travail. Il y a peu de différence entre les deux modes d’exploitation. Aussi, sur le plan musical, on retrouve les principales caractéristiques décrites dans les paragraphes précédents.
Conclusion :
Fort de ce qui précède, n’allez pas croire que cet amplificateur est un « fond de cuve ». Il a des défauts ou plus exactement des limites subjectives. Il faut cependant replacer les choses dans leur contexte, l’A-40 AE n’a pas la prétention de vouloir rivaliser avec des amplificateurs de gamme supérieure. Aussi, sur son segment, nous pouvons retenir quelques éléments musicaux appréciables et le suggérer pour démarrer un système audio à prix compétitif.
Prix : 500 € (08/2023)
Banc d’essai réalisé par