Signature sonore – nature des timbres – philosophie musicale
Registre aigu
• Prodige ~ Camille Berthollet
Au premier coup d’archet, le 4040 CD donne le ton ! Lorsqu’il s’agit de s’aventurer vers les fréquences audibles les plus hautes, ce lecteur CD ne donne pas du tout le sentiment d’être limité.
Son degré d’ouverture global, et plus précisément ses aptitudes s’élever dans le haut du spectre sont incontestables. Aussi, la sonorité du violon de Camille Berthollet se traduit ici par un filé mélodieux et une excellente précision largement remarquées sur les remarquables reprises de l‘Eté des Quatre Saisons de Vivaldi et du Concerto pour Deux Violons de Jean-Sébastien Bach.
Que l’on ne se méprenne pas pour autant : les sonorités sont « affûtées » avec un bon dosage qui gomme toute trace de surlignage prononcé sur les aigus. La texture du violon est excellente et préserve une forme de velouté fort appréciable. Chaque note est clairement reproduite, sans qu’aucune forme d’acidité ne vienne entacher le plaisir de l’écoute.
L’étage numérique muni de la puce ESS Sabre32, complété par l’étage de sortie analogique mis au point à « oreille » assurent une définition d’ensemble de haut vol. En conséquence, nous obtenons un admirable détourage du violon et des autres instruments de musique qui l’accompagnent.
Le contact de l’archet sur les cordes du violon fait aussi parti des atouts qui assoient la crédibilité des timbres. Par ailleurs, il est inutile de tendre l’oreille pour percevoir les vibratos de la main plaquant les accords sur le manche de l’instrument.
A l’écoute, nous sentons bien que la « patte » de Mike Creek est passée par là. A titre personnel, je trouve que ce lecteur délivre de beaux timbres, dont la « clarté » n’est jamais prise en défaut. Serait-il neutre et totalement linéaire ? Pour ma part, je n’ai pas relevé de caractéristiques me signifiant le contraire.
Registre médium – fluidité
• Tant de temps ~ Henri Salvador & Benjamin Biolay
• Chambre avec vue ~ Henri Salvador
De nature linéaire, le 4040 CD est un lecteur qui se distingue par un son équilibre tonal. Chaque gamme de fréquence trouve sa place, sans se focaliser sur tel ou tel registre, et surtout sans dénaturer les timbres. Les fréquences médium « travaillent de concert » avec les hautes fréquences. Elles se complètent harmonieusement. Sur ce point, on note une prédisposition à laisser s’exprimer de manière totalement naturelle les voix.
Ces deux albums d’Henri Salvador nous invitent à redécouvrir le répertoire romantique de l’artiste. Dans sa catégorie, le 4040 CD se place comme une véritable référence pour « diffuser » les voix d’une façon épurée.
Cette rencontre avec l’artiste est presque inopinée tant l’expression de celui-ci s’avère d’un réalisme et d’une présence étonnante. Nous sentons toute la poésie s’installer progressivement dans la pièce d’écoute. La voix charnelle de l’auteur compositeur interprète est absolument savoureuse. Il émane de cette série d’écoutes une sublime sensation de bonheur, de sérénité, devrais-je dire. On se laisser bercer par les mélodies incarnée par cette voix suave dont les sifflantes sur les fins de phrases sont à peine perceptibles. Personnellement, j’ai senti une expression vocale qui venait du cœur, tout à fait dans l’esprit du chanteur.
Le registre médium se traduit par un contenu riche en information que l’on détecte à travers la petite orchestration jazz qui accompagne Henri Salvador. On reconnaît tout l’attachement que portait l’auteur aux arrangements. Beaucoup de détails nous parviennent sans ambigüité, d’autant que le déroulement musical s’effectue dans une ambiance chaleureuse selon un tempo bien huilé. La fluidité fait donc parti des qualités de ce lecteur CD qui tient aussi à faire valoir cette caractéristique.
Registre grave
• Meedle ~ PinkFloyd
La dernière création CREEK fait preuve d’une réponse en fréquence étendue, qui s’applique aussi aux fréquences les plus graves. Tout comme son frère, l’amplificateur 4040 A, le 4040 CD n’a pas à rougir du début et du final aux grandes orgues qui illustrent l’Ouverture de Richard Strauss Ainsi parlait Zarathoustra. A plusieurs semaines d’intervalle (les deux produits ayant été testés indépendamment), je retrouve un tempérament similaire à celui de l’amplificateur intégré du même cru. Il n’y a pas de mauvaise surprise, l’un et l’autre étant conçu pour fonctionner en tandem.
Cette fois, la parole est donnée à Pink Floyd ! Pour CREEK, petite taille n’est pas synonyme de limite sur le registre grave. Les basses fréquences ne sont pas boursoufflées ou artificiellement « gonflées ». La guitare basse de Roger Waters démontre de véritables aptitudes à rendre sa « prestation » puissante et « plongeante » dans les fréquences autorisées par l’instrument et la prise de son de One of the Days. Le suivi mélodique est admirable. Nous pourrons nous réjouir de sa restitution à la fois ample et dégraissée. Aucune bavure n’est à redouter : le 4040 CD se met instantanément au diapason.
Le bas médium incarné par les coups de marteau portés à la grosse caisse traduit à son tour une facilité à « gérer » des basses fréquences énergiques, bien » en chair », « volontaires » pour marteler le rythme de ce morceau aux allures toniques.
Scène sonore
• Great Musicals – comédies musicales ~ Stanley Black – London Festival Orchestra & Chorus
• Two Pianos in Holliwood ~ Ronnie Aldrich & London Festival Orchestra
Généralement, il n’est pas dans mes habitudes d’effectuer des comparaisons entre des produits. J’ai pourtant relevé une « générosité » accrue en faveur du CREEK 4040 CD que feu REGA Apollo (tous millésimes confondues). Et ce n’est pas peu dire. Ce dernier n’étant plus produit, le CREEK 4040 CD arrive à point nommé pour lui succéder, en quelque sorte.
En son temps, le catalogue Decca Phase 4 comprenait des centaines de références dont quelques-unes ont été rééditées en CD. Les procédés de prises de sons et le mixage soignés me servent souvent de repères pour porter un jugement sur la spatialisation que peut délivrer un produit.
Belle surprise : cette petite « boîte numérique » nous fait découvrir une scène sonore magistralement étendue. La « présentation » de la scène sonore se veut déliée et aérée. On succombera facilement au charme de ces grandes « envolées orchestrales » qui viennent emplir la pièce d’écoute.
La structure des plans revêt une organisation précise et méthodique. Chaque pupitre, chaque instrument soliste trouve une place bien déterminée au sein de l’espace sonore. La séparation des canaux plaide en faveur d’une extension sans contraintes apparentes. Aussi, vous l’aurez compris, cette source numérique affiche une reproduction holographique du meilleur effet. Pour ceux qui craindraient une focalisation un peu trop prononcée sur chaque canal, je tiens à les rassurer. Le milieu de la scène sonore est tout aussi bien documenté. Je n’ai pas observé de vide sur les informations « centrales » déterminées lors de la prise de son.
Ces deux CD « truculents » signés Decca Phase 4 trouvent ici un partenaire à la mesure de ces prestations extraverties. Pleins feux sur chaque piano ainsi que sur le London Festival Orchestra qui se déploie avec une belle envergure dans le milieu d’écoute. La charge parfois complexe ne laisse aucune place à l’approximation ou à la confusion. Comme le CREEK 4040 CD réunit tous les ingrédients pour délivrer une musicalité ample, il arrive harmonieusement à « séparer le bon grain de l’ivraie ».
De surcroît, il remplit tout aussi bien son office en ce qui concerne l’étagement des plans. Bien marqués sur ces enregistrements, il répartit très bien chaque groupe d’instruments, chaque instrument soliste au sein de l’espace sonore. La profondeur de champ est un peu plus limitée qu’avec des lecteurs CD de catégorie supérieure. Toutefois, le contrastes entre les groupes d’instruments de premier plan et de second plan démontrent que ce lecteur sait parfaitement faire un focus sur l’ensemble des informations « gravées » sur un bon support irisé.
Capacités de réaction – dynamique – rigueur
• Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida
Pour l’anecdote, lorsque j’ai fais il y a plus de 30 ans, l’acquisition de l’amplificateur CREEK 6060, le revendeur m’avait affirmé qu’il s’agissait d’un produit « pétillant ».
Au fil des années, je me suis aperçu que les références CREEK qui se sont succédées et qui m’ont été confiées pour banc d’essai n’avaient en rien perdu ce trait de caractère. Le 4040 CD, si petit en taille soit-il « endosse le même costume ».
Vous pouvez lui confier les programmes musicaux les plus complexes, il prendra avec une agilité non dissimulée leur tempo sans hésiter. Pour illustrer mon propos, je me suis référé à cet extrait particulièrement difficile à reproduire : Valéria qui figure en bonne place sur l’album Collaboration du Modern Jazz Quartet accompagné par Laurindo Almeida.
Si le jeu de contrebasse et celui du piano vont « bon train » avec un rythme soutenu et une rigueur sans faille, c’est le jeu de vibraphone qui est l’élément le plus déterminant pour juger l’emprunte « énergétique » de cette source numérique. Ce vibraphone affiche ici une réactivité absolument étonnante. Les changements d’octaves et de tonalités sont prodigieuses. Elles sont exécutées avec une rapidité qui met bien en valeur les différentes teintes de l’instrument. Ce lecteur CD sait parfaitement doser les différents degrés d’intensité que peut procurer cet instrument de musique pour les reproduire avec toute la verve attendue.
Il m’est parfois arrivé de rencontrer des écueils sur ce test; écueils qui se soldent par une mollesse, une simplification du message sonore ou pire, des effets de distorsion indésirables. Ici, il n’est nullement question de d’obtenir un tel comportement. Le vibraphone prend instantanément toutes les couleurs autorisées par la prise de son. Il en ressort une texture très vivace, montrant des aptitudes à « soigner » le message sonore avec circonspection.
Séquence émotion – sens de l’expression
• Les Égarés ~ Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien, Vincent Peirani
Nous voici confronté au moment de vérité, à savoir si ce lecteur CD dans sa version intégrée est capable de faire vibrer les auditeurs. Certes, la gamme à laquelle il appartient ne devrait, en apparence, vraisemblablement pas « renverser » des montagnes.
Et bien, détrompez-vous, le 4040 CD est capable de grandes choses; après tout c’est un CREEK. Pour ma part, j’ai été agréablement surpris par sa musicalité d’ensemble. Ce lecteur se montre particulièrement « volontaire » lorsqu’il s’agit de faire « passer des messages », qu’ils soient orchestraux ou vocaux. Sans empiéter sur le terrain de son grand frère le lecteur – Dac CD Voyage, le 4040 CD s’en inspire pour partie afin de vous convier à écouter la musique dans les meilleures conditions qui soient.
Toute la beauté des timbres, qui fait l’originalité de cet album Les Égarés, est à la disposition de l’auditeur. Nous avons affaire à une reproduction colorée et riche en contenu. A l’évidence, la kora (instrument à corde Malien constitué d’une volumineuse demi-calebasse en guise de caisse de résonance et de 21 cordes) ne passe pas inaperçue. Sa sonorité cristalline, prenant parfois des allures de harpe, m’a interpellé par sa consonance. Le côté « palpable » de la texture est présentée avec un beau grain et une substance savoureuse. Le jeu et la ligne mélodique du saxophone soprano droit sont aussi, admirablement reproduits. Il donne le ton et assure un « fruité » débouchant sur une musique vivante et enthousiasmante qui vous va droit au cœur.
• Saint Kilda Wedding ~ Ossian
Lorsque l’on écoute des sources numériques, des amplificateurs et même des enceintes acoustiques, il arrive parfois que le doute s’installe. A force d’écouter, on s’habitue à la sonorité de l’appareil que l’on est en train de tester sur une longue période.
Avec le CREEK 4040 CD, je ne me suis pas posé de questions. Une fois le CD inséré, la musique prend ses marques dans la pièce d’écoute (ou lors de l’écoute au casque). Pas « d’interfacts » notoires ne viennent gâcher le plaisir de l’écoute en général et, plus précisément, de ce rare album Saint Kilda Wedding consacré à la musique Écossaise dans la plus pure tradition. Le CREEK 4040 CD nous fait partager une évasion au plus profond des vastes et énigmatiques paysages écossais. Rapidement les impressions prennent forme. Les amateurs du genre apprécieront la sonorité de la flûte irlandaise, ainsi que la saveur du mandoloncelle, du dulcimer, de la harpe celtique. Le Uilleann pipes nous donne le sentiment d’un parcours de santé au sein d’un décor démuni de toute forme de pollution. Cette excursion musicale se matérialise par une véritable existence des instruments; celle-ci vise en renforcer l’aspect émotionnel et cette proximité avec ce répertoire que ce lecteur sait très bien mettre en valeur.
• Vivaldi and Friends ~ Jeannette Sorrell
Notre lecteur CD n’a décidément peur de rien. Il est bien décidé à aborder sereinement tous les styles musicaux. Je peux même dire qu’il nous gâte par son tempérament rayonnant; d’ailleurs tout aussi rayonnant que La Folia ou le Concerto pour deux violons de Vivaldi. Si Jeannette Sorrell dirigeant The Cliveland Baroque Orchestra s’y entend pour donner une âme à ces compositions. Le CREEK 4040 CD prend le relai pour vous faire profiter de ce répertoire flamboyant. Nous pouvons lui confier les plus belles et les meilleures œuvres, il saura vous les restituer avec toute l’intelligibilité qu’elles requièrent.
Le clavecin prend une texture réaliste, mesurée, avec un contenu détaillé. Chaque note est minutieusement « distillée ». Nous entendons bien le bruissement du mécanisme de l’instrument, incluant l’impact du marteau sur les cordes. Je peux ainsi affirmer de la beauté et de l’authenticité perçue lors de cet exercice. La section de cordes est du même acabit. Il n’y a aucun voile sur leur contenu. Tous les passages procurent ce petit frisson de plaisir qui nous incite à les repasser en boucle rien que pour le plaisir.
Franchement et quitte à me répéter, cette machine, si menue en apparence, se singularise par son sens de l’ouverture. Les phrases musicales se déroulent tout en nuances. De nature chantante et expressive, cette mouture brille par ses aptitudes à reproduire le plus fidèlement possible les musiques à fort degré d’expression.
Conclusion :
Extrêmement compact, le lecteur CREEK 4040 CD s’inscrit comme un excellent complément de l’amplificateur – Dac 4040 A. Pour ceux qui possèdent déjà un amplificateur intégré, il est digne de rejoindre des systèmes audio de « haute volée » à l’expression affirmée et reconnue.
Nous pouvons inscrire à son actif une scène sonore d’une grande ampleur, des couleurs vives et chatoyante, une « posture musicale » réaliste et enthousiasmante. A l’heure où les lecteurs CD intégrés n’ont plus réellement le vent en poupe, le 4040 CD arrive à point nommé. Hautement musical, il ravira tous ceux qui tiennent à tirer un beau profit de leurs précieuses galettes irisées.
Prix : 890 € (03/2024)