REGA RP1

REGA RP1

Platine Vinyle
Origine : Grande Bretagne
Entraînement : courroie via contre-plateau
Vitesse : 33 – 45 tours / minute
Moteur : synchrone régulé
Plateau : 30 cm en résine
Bras : Rega RB 101
Alimentation séparée en option

 

Plus de 40 ans séparent le modèle original PLANAR de la série actuelle RP. Néanmoins, le concepteur britannique Roy Gandy est resté fidèle à son cahier des charges et sa philosophie d’origine : offrir des platines vinyles simples de conception, simple d’utilisation, fiables, et musicales. La RP1 se place en début de gamme et reste, pour son prix, terriblement attractive à plus d’un titre.

Le socle est fait d’un assemblage de fines plaques en MDF compressées qui lui confèrent une bonne rigidité et une immunité contre les phénomènes vibratoires. Le plateau lui-même léger est réalisé à partir d’une résine de synthèse avec une faible tolérance qui lui donne un « équilibre » non négligeable en matière de régularité et d’inertie. Il repose sur un contre-plateau relié au moteur synchrone 12 volt via une simple courroie. Le moteur est conçu pour générer un minimum de vibrations, et ces dernières sont idéalement maîtrisées grâce à l’architecture simplifiée de la RP1 qui embarque un minimum de pièces mobiles.

Simplicité oblige, le nombre de commandes accessibles se résume à un interrupteur marche / arrêt placé à gauche du socle à la présentation spartiate. Le changement de vitesse 33 tr/m – 45 tr/m s’effectue manuellement : l’utilisateur devra, le cas échéant, enlever le plateau et déplacer la courroie de l’axe du moteur qui comporte une poulie à deux gorges. Cette manipulation est pour tout dire peu pratique !

L’ensemble repose sur 3 pieds en caoutchouc qui assurent un découplage pour le moins efficace. La RP1 est livrée d’origine avec un capot en plastique de protection et de la nouvelle cellule MM REGA CARBON en lieu et place d’une ORTOFON. A toutes fins utiles et malgré la « sympathie » qu’offre le modèle CARBON, il ne faudra pas hésiter à installer le modèle BIAS 2 du constructeur qui s’avère nettement plus performant.

Au chapitre des bonnes nouvelles, REGA donne aux utilisateurs la possibilité d’upgrader progressivement la RP1 :

en optant pour le Kit Motor 24 volts et l’alimentation séparée TT-PSU Mk2 qui permettra d’aller nettement plus loin sur l’ensemble des performances audibles grâce à une vitesse mieux régulée et un contrôle électronique des vitesses 33 ou 45 tours plus précis. Le gain en silence de fonctionnement, la précision, et la dynamique y gagnent de manière efficace.

en optant pour le Kit Performance qui comprend une cellule Bias 2, un tapis en laine et une courroie « de course ». Là encore, le gain musical est appréciable et largement reconnu.

en optant pour les deux solutions précédentes, ce qui a pour conséquence d’obtenir les performances assez semblables à celles de la RP3.

Au chapitre des critiques, on regrettera le cordon de modulation prisonnier du châssis et sa piètre qualité d’ensemble, mais on appréciera l’absence de fil de masse – cette dernière est relié au pôle négatif des fiches RCA.

La RP1 est équipée de l’excellent bras droit RB 101. Il a été conçu et réalisé dans le même esprit que les autres bras du constructeur. Son corps en aluminium massif léger a été usiné avec un soin extrême et entière poli à la main. Il garantit une absence totale de vibrations. Le système de cardan à très faibles tolérances a comme conséquences un jeu réduit à néant. Son montage ainsi que les réglages effectués à la main sont dignes d’un mécanisme d’horlogerie. Le réglage de force d’appui s’effectue via le contrepoids en bout de bras et l’anti-skating (réglage de la forcé centripète) au moyen d’un curseur à glissière qui agit par un système de ressort.

La cellule BIAS 2 est un modèle à aimant mobile (MM) qui remplacera sans complexe le modèle monté d’origine. Cette cellule est assemblée avec soin et contrôlée avec minutie dans les ateliers REGA. La BIAS 2 utilise une paire de bobines enroulées en parallèle, qui sont ensuite assemblées avec soin sur des gabarits sur mesure pour assurer une séparation des canaux réaliste, dont on ne connaît d’ailleurs pas les caractéristiques. Le corps rigide est constitué d’un seule pièce de polybutylene terephthalate – PBT. Enfin, le diamant est de type elliptique. Le niveau de sortie annoncé par le constructeur est 6,8mV (+/-0,6mV).

 

ECOUTE

Les tests d’écoute ont été effectués en auditorium avec le matériel suivant : amplificateur REGA Brio-R, enceintes acoustiques B&W CM 8 et REGA RS 3, câbles HP YBA Glass, cellules MM REGA Carbon et Bias 2. D’autres essais ont été effectués chez un particulier avec un amplificateur MARANTZ PM 6004, enceintes acoustiques DAVIS Matisse 3D, préamplificateur phono ISEM Modulis, câbles modulation ESPRIT Beta, VAN DEN HUL The Name.

Vinyles utilisés  : Concerto Brandebourgeois N°1 et 2 de Jean-Sébastien Bach – Direction : Benjamin Britten – Gwendal N° 4 – Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach interprétée par Marie-Claire Alain – Ted Heath salutes Benny Goodman.

Timbres

Quelle que soit la configuration utilisée (cellule comprise), on comprend rapidement que la RP1 mise tout sur la clarté et la propreté du message sonore avec une faculté d’analyse qui ne se dément pas. Attention, clarté ne signifie absolument pas que le registre aigu est mis exagérément en valeur par rapport au registre médium ou au registre grave. Non, le registre aigu conserve cette belle douceur qui caractérise la  » lecture analogique  » en général. En définitive, je dirais que ce registre vient compléter le registre médium riche et contribue à donner une transparence et une forme de luminosité bien perceptibles. La RP1 se distingue par un travail d’analyse en profondeur qui débouche sur une excellente résolution et un bon détourage de chaque instrument ou de chaque voix. Les  » Concerto Brandebourgeois N°1 et 2  » de Jean-Sébastien Bach sont loin d’être ridiculement restitués. On décèle un grand nombre de subtilités, de nuances même, le clavecin traduit un très beau grain, et les violons ainsi que les cuivres nous réservent des teintes musicales éclatantes et naturelles.

S’agissant du registre grave, celui-ci peut sembler un peu court par rapport à d’autres modèles. L’assise me semble très satisfaisante, mais le grave pourra sembler un peu léger. L’infra grave s’il est absent, laisse la part belle à un haut grave bien articulé, très lisible que l’on appréciera, par exemple, sur les jeux de contrebasse ou la basse électrique.du groupe Gwendal. Dans un style différent, les notes graves qui ponctuent la  » Toccata et Fugue  » de Jean-Sébastien Bach interprétée par Marie-Claire Alain n’apparaissent nullement ridicules ou fluettes. L’ensemble se dessine avec un sens aigu de l’harmonie et ne manque ni de « corps » ni de consistance.

2° Scène sonore – dynamique – comportement général

Globalement, la RP1 accompagnée de la cellule BIAS 2 autorise une écoute agréable, qui se définit comme enjouée et généreuse. En effet, la scène sonore se matérialise par une belle enveloppe et s’épanouit dans la pièce d’écoute sans apparaître étriquée. On décèle un message sonore aéré, un espace relativement large, une scène sonore intelligemment construite, l’ensemble faisant preuve d’une ouverture non dénuée d’intérêt. Le cadencement des notes s’effectue sans traînage, avec précision, et c’est une musicalité vive et dynamique qui l’emporte sur certaines « limites » plus subjectives que réelles. La séparation des canaux et plus généralement l’étagement des plans corrects nous donnent des effets de reliefs particulièrement intéressants. La texture aérienne constatée sur les jeux de violons contribue à donner un brin d’émotion que l’on aurait à priori pas soupçonné (méfions nous donc des apparences). Par ailleurs, on est surpris par le beau grain des violons, violoncelles, violes de gambe et la très bonne matérialisation de ces instruments et des différentes percussions.

Sur les extraits de jazz tels que  » Ted Heath salutes Benny Goodman  » la RP1se montre réellement « brillante » et peut renvoyer dans leurs buts respectifs toutes les platines de catégorie semblable. J’ai retrouvé une texture sonore de clarinette dont la définition est excellente, des coups de cymbales d’une réelle beauté, et une orchestration d’ensemble chatoyante et d’une richesse à faire pâlir les lecteurs CD de début de gamme qui n’ont rien à raconter (on ne les citera pas). Chaque instrumentiste joue à sa place, de manière harmonieuse, et la musique s’écoule avec une fluidité et un réalisme assez confondant.

Conclusion :

Placée en seuil de la gamme de platines vinyles REGA, la RP1 se singularise par sa simplicité conceptuelle et par son exploitation qui ne l’est pas moins. Cette simplicité toute relative, ne s’effectue pas au détriment du choix des composants, et encore moins au niveau musical. La RP1 va à l’essentiel : reproduire la musique le plus justement possible avec toute l’émotion que l’on est en droit d’attendre d’une bonne gravure vinyle. Munie d’une cellule de qualité à aimant mobile, cette platine constitue un choix incontournable dans les produits de début de gamme à vocation réellement musicale. Enfin, cette platine est évolutive ce qui lui permet de gravir des échelons musicaux significatifs et se hisser parmi les références du moment.

Cotations :Musicalité : globalement bonne
Appréciation personnelle : musicale
Rapport qualité – prix : bon

 

Prix : env. 315 € (01/2015)
Prix cellule Bias 2 : 100
Prix Kit Performance : 120
Prix Kit Moteur : 180
Prix alimentation TT-PSU : 295

Test d’écoute réalisé par
Lionel Schmitt