NAIM ND 5 XS & OLIVE O3 HD

NAIM ND 5 XS – OLIVE O3 HD

NAIM – Lecteur réseau ND 5 XS

Origine : Grande Bretagne
Bande passante : 10 Hz – 20 kHz
Rapport signal/bruit : > 100 dB
Distorsion : < 0,02%
Conversion : 192kHz/24bits
Entrées : 3 numériques S/PDIF (BNC, RCA, ou optique)
Sorties :
1 analogique au standard DIN
1 analogique au standard RCA
1 numérique au standard S/PDIF

OLIVE – Serveur O3 HD

Origine : Etats-Unis
Sortie analogique : 1 RCA
Sortie réseau : 1 type Ethernet Gigabit
Sortie USB : 1 en 1.1/2.0

On ne présente plus NAIM, mais on a bien compris que le constructeur britannique s’intéresse depuis quelques années aux produits d’avenir en concevant régulièrement des appareils pour satisfaire une demande grandissante. Le ND 5 XS s’inscrit dans cette perspective, et cette source est en définitive un lecteur réseau appartenant à ligne SlimLine chère à NAIM. Le constructeur d’expliquer qu’en qualité de « composant autonome », le ND 5 XS répond à une demande croissante de source réseau en cohérence avec les performances que l’on est en droit d’attendre de NAIM.

Initiée avec le NDX, cette source fonctionne donc en réseau selon le protocole UPnP, et offre en complément la fonction radio par internet, la lecture par Ipod / Usb, le tout étant complété par une batterie de 3 entrées numériques, destinées à l’utilisation de cet appareil en tant que DAC à part entière.
Au centre du ND 5 XS se trouve la fonction « Streaming » audio numérique dévolue à la diffusion de la musique stockée sur n’importe quel support numérique connectée au réseau domestique, dont un disque dur NAS ou autre serveur à disque dur. Les utilisateurs pourront profiter pleinement de la résolution 24 bits / 192 kHz à partir d’une clef USB implantée en façade, ou de sources diverses via les 3 entrées numériques au standard S/PDIF (BNC, RCA, ou optique). Enfin, le ND 5 XS pourra reconnaître tout type de fichiers, tels que Wav, Flac, Alac, Aiff, Aac, Windows Média, MP3, etc…, confirmant ainsi son universalité.

OLIVE est une jeune marque américaine qui se consacre à la musique dématérialisée depuis 2005 ; son concept étant de mettre l’informatique au service de la musique – ce n’est pas nouveau, mais jusqu’ici, on ne peut pas dire que les meilleurs résultats aient été obtenus de manière évidente.
Le serveur O3HD a été conçu dans l’idée de permettre le stockage d’un grand nombre de CD afin que les utilisateurs puissent profiter pleinement de leur bibliothèque musical. L’idée est aussi de s’affranchir des contraintes et obstacles liés à l’utilisation d’un PC (micro ordinateur), pas vraiment destiné à l’usage de la haute fidélité – en tout cas comme je l’entends à titre personnel. La marque qui commence à s’implanter en France propose différentes références, dont ce modèle O3 HD en seuil de gamme.

La présentation du O3HD, sobre et bien finie, n’est pas sans rappeler les produits de la marque DCS, avec une façade biseautée du plus bel effet. Cette face avant reçoit un écran tactile qui facilite toutes les manipulations. Cet écran tactile est relayé par une télécommande et 9 touches en façade pour les fonctions de base. La construction est droite ligne avec la présentation, et le métal a été largement employé dans la construction de l’appareil, avec pour objectif de garantir une bonne immunité contre toutes formes de parasites d’origines diverses.

A l’intérieur du boîtier, règne en maître le disque dur intégré de 500 giga-octets qui permettra le stockage d’environ 1500 disques au format original, sans compression. L’accès à la haute définition sonore grâce au DAC Cirrus Logic, permettra de tirer le meilleur des CD ripés pour la circonstance.
Par ailleurs, le O3HD vous permettra d’accéder à une large sélection de radios internet classées par pays ou genre, et peut même le cas échéant servir de lecteur CD, même si ça n’est pas sa vocation originelle. A cet effet, on trouvera au verso du boîtier une paire de sortie analogique asymétrique en RCA. La remarquable mécanique d’origine TEAC et les circuits permettront la lecture des CD, CD-R, et CD-RW, et les formats WAV, FLAC, AAC, MP3 – 16 bits, 20 bits, 24 bits – fréquence d’échantillonnage de 10kHz à 200kHz. L’installation s’effectue en réseau filaire RJ-45.

NAIM ND 5 XS


OLIVE O3 HD

 

ECOUTE 

Les tests ont été effectués au cours de plusieurs séances d’écoutes avec les électroniques NAIM suivantes : préamplificateur Nac 282 et bloc de puissance NAP 250, enceintes acoustiques B & W 802 Diamond, et des câbles modulation YBA Diamond et NAIM. Le serveur OLIVE et le NAIM ND 5 XS ont été reliés en réseau.

CD utilisés  : – Collaboration par The Modern Jazz Quartet – Barry Lyndon – Marquises par Jacques Brel, copiés sur le disque dur du serveur OLIVE.

Timbres et Fluidité

Surpris, voire déconcerté… ! sont les premiers termes qui me viennent spontanément à l’esprit en écoutant cet ensemble audio. Il n’y a rien à dire, l’écoute change sensiblement si l’on effectue une comparaison avec un lecteur CD traditionnel (voir ci-dessous avec CD 5 XS & FlatCap XS). Je n’ai aucune critique objective à formuler vis à vis de la fluidité : la musique s’écoule paisiblement, et sait faire preuve de réactivité, quand les situations respectives l’exigent. Je suis plutôt assez surpris de la texture et du rendu des timbres, qui tranchent de façon assez nette, et offrent quelque chose à laquelle je ne suis pas (encore) habitué. Je ne saurais pas dire si le clavecin de la Sarabande de Haendel apparaît comme conforme à la sonorité que l’on était en droit d’attendre. Je ne saurais pas plus dire ou écrire que le vibraphone de Valéria tiré du CD Collaboration sonne juste ou vrai ; en tout état de cause il sonne de manière différente, et somme toute, satisfaisante.

D’une façon générale, les timbres empruntent des couleurs nouvelles, qui ne s’identifient pas à celles d’un enregistrement analogique. Toutefois, au bout de quelques minutes, on s’habitue à cette forme de timbres. Par ailleurs, je serais mesquin d’imputer à cet ensemble  » source  » des manquements quelconques. Même si l’aspect fruité n’est pas systématiquement mis en valeur, il peut s’inscrire comme une bonne référence que bien des lecteurs CD ne peuvent tous revendiquer. L’écoute de Marquises par Jacques Brel n’est, de loin, pas dénuée du charme qu’a souhaité mettre l’auteur dans son texte, et encore moins François Rauber dans sa mise en œuvre de l’orchestration. Finalement, au bout de quelques minutes, on se prend au jeu de la dématérialisation, qui apporte ici des couleurs et des variantes pas si mal que cela. Sur le même extrait musical, le filé des nappes de violon offre un aspect lisse et aérien, tandis que les quelques notes de harpe qui s’y ajoutent viennent vraiment vous titiller l’oreille avec souplesse et mélancolie. Plusieurs écoutes de cet extrait montrent tout de même un aspect légèrement froid des timbres. Il n’en demeure pas moins que la voix de Jacques Brel n’apparaît jamais déformée, aseptisée, ou trop numérique.

Scène sonore et transparence

A n’en pas douter un seul instant, ce tandem OLIVE / NAIM offre une scène sonore qui se déploie avec l’ampleur que l’on est en droit d’attendre notamment sur les grandes orchestrations. Si on évoque l’écoute de la Sarabande de Haendel, on ne peut qu’être enchanté par ce flot d’informations et la montée en puissance de l’orchestre qui évoluent avec une très grande aisance, et une forte personnalité. Cette faculté d’extension et d’ampleur générale permettent, par exemple, de laisser le clavecin s’exprimer clairement et sans rester dans l’ombre. Le côté panoramique de la scène sonore confirme la belle étoffe de celle-ci, et aucune forme de confinement n’est à redouter. Sur Valéria tiré du CD Collaboration, chaque musicien prend une place bien définie, et on constate qu’il y a beaucoup d’espace entre les interprètes. La scène sonore est convenablement structurée et l’étagement des plans ne me semble pas critiquable. Plus panoramique qu’holographie, l’étendue de la scène laisse ainsi passer d’infimes détails, tels que les légers coups de cymbales, parfaitement détourés et très proprement restitués sur différents extraits du CD Collaboration du Modern Jazz Quarter. Ces constats relatifs à l’expansion de la scène sonore plaident ainsi en faveur du degré de transparence, qui prend alors tout son sens.

Certes, la transparence n’a pas tout à fait le degré de finesse et l’aspect cristallin généralement atteint avec d’autres sources de référence, mais les quelques notes de harpe qui contribuent à donner un ton et une ambiance particulière à Marquises de Jacques Brel, sont tout de même prenants et amènent une sorte de frisson dans le dos…..il se passe donc bien quelque. L’auditeur attentif n’a pas de craintes à avoir quant à un éventuel voile qui subsisterait sous une forme ou une autre. La richesse, le coté fouillé, et le détourage des instruments de musique et des voix sont réellement au rendez vous.

Dynamique et réactivité

Sur ces deux points, le couple OLIVE / NAIM n’a de leçons à recevoir de personne. La réaction est immédiate lorsque la musique est ponctuée par des grands écarts de dynamique. Les percussions sur la Sarabande de Haendel prennent une forme enveloppée, et surtout ont un poids suffisant pour donner la vigueur et un rendu sonore très satisfaisant. Dans le même esprit, le jeu de piano de Modern Jazz Quartet donne le ton avec un tempo franchement marqué. Ces notes de piano sont bien appuyées, très lisibles, sans traces de traînage, et ressemblent à s’y méprendre à celles d’un piano écouté en direct. Dans la continuité de ces observations, on suit sans problème le jeu de contrebasse, net et bien construit : chaque note nous permet presque de suivre la partition à la lettre, et d’apprécier à sa juste valeur le pincé et les inflexions sur chacune des cordes. Dès lors, on assiste à une écoute qui marie à la fois la délicatesse, la réactivité, et la générosité. Pointilleux et observateur comme je le suis, j’ai été vigilant aux extinctions de notes, tant sur le piano, que sur les cymbales : celles-ci  »meurent » sans coupures prématurées, et se prolongent avec le temps nécessaire, sans « incident de parcours ». Un bon point est à relever en ce qui concerne le flot de nuances qui émanent des différents extraits musicaux, et qui sont à corréler avec les capacités de ces deux produits à réagir vite et bien. Je peux ainsi attester que l’ O3HD et le ND 5 XS ont chacun de réelles facultés à insuffler la vie, et à écarter tout aspect ennuyeux de la restitution musicale, sans sombrer dans une forme de caricature trop démonstrative.

Communication avec l’auditeur

Nous y voilà ! : nouveaux produits, nouvelles technologies….mais sont-ils en mesure de produire la même émotion qu’un lecteur CD conventionnel ? Au fil des écoutes, je suis resté perplexe et interrogatif. Nous avons vu que la signature des timbres était différente de celle des meilleures sources du moment, dont acte ! Nous avons aussi relevé que la dynamique, la scène sonore, la transparence générale n’accusaient aucune lacunes significatives.
L’écoute attentive permet au passage d’évaluer le côté communicatif du serveur OLIVE associé au NAIM ND 5 XS. C’est sans aucun doute sur le CD de Jacques Brel ripé sur le disque dur du serveur que j’ai pu apprécier à sa juste valeur les différentes intonations que peuvent prendre la voix du chanteur. Différentes aspirations et reprises de souffle, le côté mélancolique et la façon toute particulière de s’exprimer m’ont permis de bien reconnaître les particularités qui font la spécificité de cet interprète d’exception. A tout dire, j’ai fort bien ressenti et reconnu la conviction de Jacques Brel à faire passer ses messages, et selon les extraits, ses joies ou le cas échéant, ses angoisses…
Dans le prolongement de ma réflexion sur la transparence, j’ai été sensible à la restitution des cordes pincées et en particuliers les quelques notes de harpe sur « Marquises », diffusées avec une légèreté, un phrasé, et une finesse qui ne se démentent à aucun instant. Par ailleurs, les ambiances vraiment prenantes qui ont du régner pendant la séance d’enregistrement ne peuvent échapper à une oreille exercée. Chaque mot, chaque phrase, chaque articulation dans le voix a été un grand moment de bonheur, au point d’avoir écouté « Marquises » trois fois de suite… Sans dire que la restitution sonore est absolument la plus naturelle qui soit, et après une période d’adaptation, j’avoue qu’aucun défaut objectif ne vient perturber l’audition.

En écoutant Valéria interprété par le Modern Jazz Quartet, j’ai même été séduit par la reproduction du vibraphone qui est un instrument compliqué à prendre en charge par un système quelque peu déficient. Ici, il va droit au cœur de l’auditeur, tant sa présence et sa justesse confirment les propensions de cet ensemble à s’approcher d’une nouvelle forme de vérité musicale. Comme cela à déjà été évoqué au paravent, les frappes sur les touches de piano ne me semblent plus très loin de celles d’un instrument jouant dans le salon d’écoute, et l’auditeur se sent (c’était mon cas) associé au jeu de l’interprète.

Pour clôturer cette faculté à communiquer avec l’auditeur, je dois aussi vous confier que le petit solo de violoncelle dans la Sarabande de Haendel m’a profondément touché, car son côté expressif et très communicatif m’a permis de distinguer assez précisément les vibrations de la main gauche lorsque celle-ci plaque les accords sur le manche de l’instrument; preuve que le serveur OLIVE n’a pas contribué à déformer les signaux gravés sur son disque dur, et que le NAIM ND 5 XS a le même potentiel en terme de définition que les autres produits du même constructeur.

Comparaison avec lecteur Naim CD 5 XS et FlatCap XS

Si les chapitres précédents mettent en valeur diverses caractéristiques musicales inhérentes au travail de mise au point de ces deux produits, il apparaissait incontournable de les valider en faisant une écoute comparative avec un produit, qui a fait ses preuves, et qui emportent pas mal de suffrages toujours très positifs : le lecteur NAIM CD 5 XS dopé par son alimentation FlatCap XS.

Sans remettre en question, les qualités évoqués ci-avant, il est incontestable que le lecteur CD NAIM offre une restitution plus charnelle, mieux matérialisée, un peu moins démonstrative, et sans doute plus naturelle dans sa globalité. Une once de chaleur supplémentaire permet à la voix de Jacques Brel d’être un peu plus proche de la réalité, et de mieux appréhender diverses nuances dans les intonations.

La Sarabande de Haendel délivre un petit quelque chose de plus, une étoffe et une construction plus mûrie. Les instruments à cordes s’écoutent sous un jour plus chatoyant. La sonorité du violoncelle, par exemple, délivre des vibrations issues du corps de l’instrument qui « sentent davantage le vrai bois », si je puis m’exprimer ainsi. De même, le frottement de l’archet sur les cordes de l’instrument offre davantage de consistance et apparaît lors plus fidèle. Bien entendu, ces nuances ne pourront s’apprécier sous la seule condition que le reste de l’équipement fasse preuve d’ouverture, d’expression, de neutralité, et bien sûr soit irréprochable sur le plan de la cohérence.

Conclusion :

Si l’ère de la musique dématérialisée venait à se confirmer, alors il faudra compter parmi les protagonistes le ou les serveurs de marque OLIVE et les incontournables produits NAIM. Malgré une première approche surprenante, il s’avère que ce mariage OLIVE / NAIM donne des résultats musicaux pertinents, et de haute tenue musicale – on peut donc le considérer comme réussi. Certes, on est assez éloigné du monde de l’analogique, et même du monde du CD ou SACD, mais il n’empêche que ses deux produits tirent bien leur épingle du jeu, et n’ont pas à rougir face à quelques lecteurs CD qui n’arrivent toujours pas à leur maturité musicale.

Synthèse :Musicalité : manque un peu de naturel
Appréciation personnelle : mitigée
Rapport musicalité – prix : moyen +

 

Prix : (12/2011)
Serveur : 999  €
Naim ND 5 XS : 2425  € (2725 € avec le module DAB / FM)

Ecoute réalisée par
Lionel.Schmitt