MOONRIVER 404 Integrated amplifier & 404 Reférence
Origine : Suède
Amplificateur intégré à transistors
Puissance : 2 x 50 watts / 8 Ohms
Réponse en fréquences : 10 Hz à 50 kHz + 0,5 dB
Taux de distorsion : 0,05%
Rapport signal / bruit entrées ligne : 85 dB
1 entrée phono optionnelle MM / MC
1 entrée USB (carte Dac optionnelle)
3 entrées Ligne
1 entrée enregistreur analogique
1 sortie enregistreur analogique
2 sorties pré-out
Voici maintenant près de trois ans que MOONRIVER Audio a fait sa percée sur le marché international de l’audio. Sous l’impulsion de son concepteur, George Polychronidis, la marque Suédoise implantée à Malmö s’est spécialisée, pour le moment, sur le segment des amplificateurs intégrés. L’offre n’est pas pléthorique, mais nous comprenons que l’idée n’est pas de faire de la quantité, mais de se concentrer sur un concept abouti qui a pour finalité une reproduction musicale de premier plan.
MOONRIVER Audio a limité le nombre de ses références à deux amplificateurs intégrés : le modèle 404 et une version dont l’alimentation a été renforcée; ce dernier prenant la dénomination de 404 Reference.
Inspirés par une célèbre chanson dont la musique a été composée par Henri Mancini, les produits MOONRIVER Audio sont la combinaison d’un style vintage et d’un style contemporain dans le monde de la reproduction audio – une sorte d’amplificateur vintage du 3ème millénaire.
Le 404 repose sur une philosophie somme toute assez simple et pleine de bon sens : design classique, intemporel et avant tout orienté utilisateur. Texture matérialisée acquise au sein d’un espace ouvert, comportement dynamique non contraint et qui préserve la couleur naturelle, auxquelles s’ajoutent un principe d’évolutivité grâce à l’ajout de modules complémentaires (cartes phono et dac) et un accès direct à toutes les fonctions.
Cet amplificateur a nécessité 3 années de recherche et de développement basés sur l’écoute et le choix des composants électroniques. Hors cartes optionnelles, l’électronique tient sur un unique circuit de grande dimension qui emplit l’intégralité d’un châssis à l’excellente rigidité. Le constructeur a veillé à séparer le transformateur, de la section véhiculant les « fragiles » signaux audio. Le radiateur de dissipation thermique fait office d’écran pour éviter toute forme de pollution d’ordre électromagnétique.
Le modèle 404 intègre pas moins de 5 alimentations séparées, chacune dotée d’une protection contre les surcharges. L’amplificateur de puissance fonctionne sur une configuration double mono, à partir d’enroulements séparés sur le transformateur toroïdal estampillé MOONRIVER.
L’alimentation générale du 404 repose sur ce très gros transformateur toroïdal de 250 VA et un total capacitif d’une valeur totale de 57000 µf. Pour information, le total capacitif de la version 404 Reference est porté 107000 µf dont 21000 sont réservés à la seule section pré-amplificatrice.
Les commutateurs de signal sont mis en œuvre via une série de relais. Un circuit de démarrage progressif basé sur un relais de 30A garantit que même l’interrupteur marche / arrêt est conçu pour fonctionner sans charge ni usure pendant des décennies.
Chaque composant électronique a été soigneusement sélectionné pour sa fiabilité et aussi son incidence sur le caractère musical. MOONRIVER fait abstraction de composants de surface dans les circuits analogiques, privilégiant les composants discrets.
L’étage de sortie à transistors est configuré en Classe AB. Il revendique une puissance relativement « contenue » de 2 x 50 watts sous 8 ohms. Nous verrons un peu plus loin que cette puissance apparaît en pratique bien plus élevée qu’il n’y paraît.
Le réglage de volume sonore est confié à un potentiomètre motorisé Alps Blue.
L’étage phono optionnel implanté sur le 404 traite les signaux issus de cellules MM et MC. Le gain est de 40 dB pour les cellules à aimant mobile et 60 dB pour les cellules à bobine mobile. L’impédance d’entrée est respectivement de 47 Kohms et 100 ohms. La capacité d’entrée est fixée à 100 pF. Ces caractéristiques autorisent de mettre œuvre un large éventail de cellules phonocaptrices du marché. Le réglage est simple et rapide. Il s’effectue par un changement de position via les 2 commutateurs doubles DIP.
Ni minimaliste, ni chargée à outrance, la face avant en aluminium brossé au look néo rétro ne laisse toutefois pas de place à la fantaisie. Outre le réglage de volume sonore motorisé, pilotable par une petite télécommande et le sélecteur d’entrées, le manufacturier a eu l’obligeance d’ajouter un « précieux » réglage de balance. S’ajoutent un inverseur stéréo / mono bien pratique pour les disques vinyles monophoniques, et une fonction dédiée à la boucle monitoring pour enregistreur analogique. MOONRIVER s’est permis une petite coquetterie par la présence d’une clef qui modifie l’intensité lumineuse des diodes Leds selon 3 positions : normale, atténuée (50 % de la normale) et éteinte. Le secteur de mise sous tension complète ce tableau avant.
Enfin, deux fines joues en bois, placées de part et d’autre du tableau de commande, apportent un petit signe distinctif qui n’a rien de déplaisant.
Outre les 4 bornes HP acceptant tout type de connexion, on dénombre une large palette d’entrées et de sorties. L’utilisateur pourra relier 4 sources haut niveau via des fiches RCA. L’entrée N°1 est transformable en entrée phono MM / MC via le module phono optionnel. L’entrée N°4 pourra, quant à elle, recevoir une carte Dac USB optionnelle. Par ailleurs, un port USB fait également partie de la panoplie de connecteurs.
Cet amplificateur dispose d’une entrée et d’une sortie pour enregistreur analogique avec boucle monitoring intégrale et une fonction spécifique en façade. Deux sorties pré-out sont également présentes.
L’amplificateur est livré d’origine avec une télécommande de petite taille, très fine, entièrement métallique et très agréable à utiliser. Elle pilote précisément le volume sonore pas à pas, la sélection des sources incluant la fonction monitoring, et la mise hors services des enceintes acoustiques.
Je remercie l’importateur FUSION ACOUSTIC d’avoir mis à ma disposition les deux versions pour une durée de 7 semaines me permettant d’en faire un examen le plus exhaustif possible et de vous faire partager mes impressions au travers ce banc d’essai.
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes des deux modèles ont été effectués à domicile avec les éléments suivants :
– Platine vinyle REGA RP 8 & cellule REGA MC Ania reliées directement au module phono MC installé sur le 404
– Lecteur CD YBA Classic Player 2
– Enceintes acoustiques PE LEON Kantor
– Enceintes acoustiques HARBETH P3ESR XD
– Câbles de modulation asymétriques ESPRIT Aura, ESPRIT Beta 8G 2019, VAN DEN HUL the Orchid
– Câbles HP ESPRIT Aura, ESPRIT Beta 8G 2019
Pour l’alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615 et ESPRIT Volta, câble secteur de tête FURUTECH G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. Câbles secteur ESPRIT Celesta & Eterna.
Remarque : il est précisé que les caractéristiques musicales décrites ci-après sont communes aux deux versions. Cependant, j’ai souhaité pointer les différences entre les deux appareils à travers un chapitre spécifique.
• CD sélectionnés : Jazz på svenska par Jan Johansson – 11:11 ~ Rodrigo y Gabriela – Ainsi parla Zarathoustra – Ouverture : Richard Strauss ~ Lorin Maazel – Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield – The Magic Flûte ~ James Galway & National Philharmonic Orchestra – direction Charles Gerhardt – Legends ~ James Galway & Phil Coulter – Meedle ~ PinkFloyd – Quiet Nights ~ Diana Krall – Rive Droite – Rive Gauche ~ Swing Band meets Daniel Huck (Edition Passavant Music) – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Barry Lindon ~ bande originale du film – La découverte ou l’ignorance ~ Tri Yann – Mozart par l’ensemble Zefiro ~ Direction Alfredo Bernardini – The Singing Clarinet ~ Giora Feidman – Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens – Swinging Safari ~ Bert Kaempfert – Le Son Plaisir ~ Onkyo CD test 1992 – Naim CD test Sampler N°6 – Sonates de Domenico Scarlatti ~ piano : Mikhail Pletnev – Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek – Les Marquises ~ Jacques Brel – Toccata & Fugue – Jean-Sébastien Bach ~ transcription et direction d’orchestre : Léopold Stokowski – Chambre avec vue ~ Henri Salvador – Epics : The History of World ~ Orchestre Philharmonique de Prague & Chœurs– Double jeux ~ Laurent Korcia – Lully & l’orchestre du roi soleil ~ Concert des Nations – direction Jordi Savall, etc…
• Vinyles sélectionnés : Quiet Nights ~ Diana Krall – Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield – Soul Bossa Nova ~ Quincy Jones – Nameless & Stay Tuned ~ Dominique Fils-Aimé – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – The Secret of Climbing ~ Stephen Fearing – Barry Lindon ~ bande originale du film – La découverte ou l’ignorance ~ Tri Yann – Concertos Brandebourgeois N° 1,2,3 de Jean-Sébastien Bach ~ The English Chamber Orchestra ~ Direction Benjamen Britten – Holliwood – Workshop & Down Home ~ Chet Atkins – Shadow Hunter ~ Davy Spillane – « Jalousie » par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli – Ted Heath salutes Benny Goodmann – The Complete ~ Mike Oldfield – Swinging Safari ~ Bert Kaempfert – Contrastes ~ Pachacamac – Breakfast at Tiffany’s ~ Henri Mancini – All Time Favorite Melodies of Japan – Crucifixus ~ Jean-Christian Michel – Le Vaisseau de Pierre ~ Tri Yann – Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach interprétée aux grandes orgues par Marie-Claire Alain – Barry Lyndon ~ bande originale du film, etc…
Esthétique sonore – philosophie musicale
Registre aigu
• Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens
« Bien timbré » est assurément l’expression me vient instantanément à l’esprit et convient le mieux pour résumer l’esthétique sonore qui découle de cette série d’auditions. Sur les cuivres qui « sévissent » dans cet album Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens, l’écoute n’est ni froide ni clinique.
De nombreuses heures d’écoutes m’amènent à dire que le 404 est un amplificateur au tempérament plutôt neutre et droit. Cela constitue un bon point dans la mesure où aucun registre n’est privilégié. Nous assistons à une reproduction lumineuse qui pointe précisément la sonorité des instruments et le jeu de leurs artistes respectifs. Cet amplificateur met l’accent sur la clarté, sans pour autant sombrer dans une forme d’acidité. Les fréquences filent à des valeurs hautes comme nous pouvons nous en rendre compte pour l’exemple avec la trompète bouchée ou encore le violon.
Finalement, on se plaît à écouter ces plages aux accents cocasses, grâce à cette notion d’ouverture qui, au demeurant, ne cède jamais à la tentation de sombrer dans une forme d’agressivité. En définitive, l’amplificateur se focalise en priorité sur le contenu. Cela nous conduit à découvrir un très grand d’informations telles que les multiples variations ou intonations que prennent les instruments à vent. Les coups de cymbales, le charleston ou le jeu de vibraphone font preuve d’une grande finesse et d’une franchise de bon ton.
Cet amplificateur décortique à la perfection les accords de guitare soliste tout comme celui de l’accompagnement par Georges Brassens lui-même. Chaque accord est immédiatement identifié.
Si la musique se montre en tous points lumineuse, elle se montre également riches en harmoniques. L’intégré 404 n’a pas pour vocation de simplifier le message sonore. Chaque note « s’émancipe » dans le temps et l’espace et s’éteint en fin de phrase de manière progressive et naturelle. De surcroît, la cohérence entre les fréquences aigüe et médium aboutissent à un ensemble très bien équilibré.
Registre médium – fluidité
• Quiet Nights ~ Diana Krall (vinyle & CD)
Écouter la musique avec intérêt : voilà la sensation que procure l’intégré 404. De surcroît, les CD ou vinyles s’enchaînent inlassablement, ce qui en dit déjà long sur le comportement chantant de l’amplificateur.
Cet attrait repose, entre autres, sur ce registre médium si bien documenté qu’aucune information, si infime soit-elle, ne s’en trouve masquée.
Quel bonheur « d’exhumer » quelques « pièces » typiques du répertoire de Diana Krall. La justesse du registre médium porte, bien évidemment, sur le vocal. Celui-ci affiche une éloquence de bon ton. Nous retrouvons la voix sensuelle de Diana Krall qui se montre ici d’une belle chaleur humaine. Les articulations, la diction, les reprises de souffle accentuent la présence physique de l’artiste dans l’environnement d’écoute.
La beauté de cette voix repose sur la faculté d’analyse produite par cet amplificateur. A tout dire, l’interprète semble illuminer la pièce d’écoute. Nous retrouvons aussi avec exaltation le son des frets de guitare et la « danse » du balai sur la caisse claire. Ils viennent flatter l’oreille et apporte ce « petit plus » de réalisme qui fait la différence.
Et puis, il y a un élément complémentaire qui fait toute la différence : la fluidité et l’onctuosité de l’interprétation. La musique s’écoule avec une belle facilité. Cela renforce la sensation d’attachement que l’on peut porter à la musique.
La finesse du traitement de l’accompagnement instrumental dans sa globalité joue un rôle important : l’amplificateur lui donne une saveur d’authenticité et de délicatesse qui mettent davantage en valeur l’expression vocale, en formant un « tout » bigrement captivant.
Transparence – capacités d’analyse
• Le Son Plaisir ~ Onkyo CD test 1992
Le 404 a un don inné pour laisser votre système audio donner libre cours à l’expression. Il s’agit d’un amplificateur qui « module » extrêmement bien. La légère pointe de chaleur qui émane de la reproduction est suffisamment bien dosée pour donner à la musique une tonalité chatoyante que l’on appréciera sur un Air Varié d’après Colombi par l’Ecole de Modèle 17ème Siècle qui figure sur ce CD test « Le son Plaisir » édité par Onkyo.
Sur cet extrait, on ne pourra pas rester insensible à la transparence du message sonore qui vient parfaire les reliefs qu’il peut y avoir entre le clavecin, le violon et le violoncelle baroques. Il pousse le degré de résolution de manière à vous faire bénéficier d’une sonorité à la fois douce et étincelante. Pour ma part, j’ai été agréablement surpris par le contact entre l’archet et les cordes du violon et violoncelle baroque et le superbe grain qui en découle. Il est étonnant d’entendre l’archet glisser sur les cordes de l’instrument avec une agilité et une précision à tomber par terre.
Par ailleurs, chaque instrument fait l’objet d’un excellent détourage qui renforce la prestance de chacun d’eux. La palette de couleurs est étendue, et nous décelons sans peine une foule d’informations qui rendent l’écoute somptueuse, toujours plaisante, jamais monotone.
Chapeau bas pour l’aspect mélodieux du Kyrié de la Misa Criolla d’Ariel Ramirez – direction José Luis Océjo, qui s’écoute religieusement. La section vocale est admirablement restituée : il en émane une pureté qui insuffle une bouffée d’oxygène qui n’a rien d’artificielle. L’ensemble vocal fait preuve d’une aération exceptionnelle, laquelle renforce le degré d’expression prenant.
Registre grave
• Ouverture Ainsi parla Zarathoustra : Richard Strauss ~ Lorin Maazel
Sans prétendre descendre à des valeurs abyssales, le modèle 404 s’en tire plutôt honorablement en ce qui concerne l’ouverture aux grandes orgues de Ainsi Parla Zarathoustra de Richard Strauss. Les fréquences les plus profondes n’apparaissent jamais superficielles ou en retrait. Les amateurs du genre apprécieront l’extension dans le bas du spectre, notamment avec le 404 Reference. Pas de frustration à craindre sur cette figure de style : le grave est bien « tenu ». Il brille même par son assise et sa stabilité.
Par ailleurs, les roulements de timbales qui ponctuent la partition dévoilent une sonorité « pleine », charnelle, et fort bien matérialisée. A contrario, je n’ai pas constaté de forme d’embonpoint, mais davantage une sorte de « protocole musical » parfaitement en harmonie avec la sonorité de ce type de percussion.
• Meedle ~ PinkFloyd
Si l’on se risque à entrer dans le « dur » du sujet avec One of These Days – extrait le plus expressif de l’album Meedle de Pink Floyd, nous nous apercevons rapidement que cet amplificateur va « creuser » en profondeur les fréquences de la guitare basse de Roger Waters.
Point de boursoufflures intempestives ou effets de manche. La texture de la guitare basse se montre ferme, sans excès pour autant, totalement dégraissée, palpable et organique. Chaque note est prise en charge avec méthode et une rectitude renforçant le sentiment de sincérité d’une écoute tonique pour ce genre de répertoire.
Les coups de batterie se montrent « explosifs », notamment si l’on en juge par les impacts du marteau sur la grosse caisse de la batterie. Ceux-ci révèlent une assurance à toutes épreuves sur la bande de fréquences haut-grave. Tous extraits confondus, les fréquences graves s’affichent avec une tenue appréciable et une lisibilité remarquable.
Scène sonore – spatialisation
• Toccata & Fugue – Jean-Sébastien Bach ~ transcription et direction d’orchestre : Léopold Stokowski
S’agissant de la présentation de la scène sonore, le MOONRIVER 404 remplit parfaitement son office. Cet amplificateur brille par sa générosité. Celle-ci se manifeste par une excellente ampleur. La Toccata et Fugue en Ré Mineur de Jean-Sébastien Bach transcrite et dirigée Léopold Stokowski se montre dans cet exercice simplement grandiose.
En complément de la « structure » panoramique que nous procure cet amplificateur, il émane de la masse orchestrale un torrent d’informations qui va de découvertes en découvertes. Chaque plan, chaque groupe d’instruments prend la place qui lui a été assignée lors de la prise de son. Pas de difficultés à cerner les groupes d’instruments de premier rang, de ceux de second ou troisième rang. Je dirais que cet amplificateur sait parfaitement s’organiser pour faire face aux « déferlantes » des passages les plus énergiques.
La reproduction est particulièrement étoffée, de surcroît aérée, qui va dans le sens du plaisir de l’écoute. Les effets stéréo Decca Phase 4 amènent une part de magie qui sied bien à cette transcription pour orchestre symphonique. Loin de faire dans la démesure, le 404 s’applique à mettre en perspective les instruments solistes, parfois noyés dans la masse orchestrale. Le déroulement de la partition s’effectue sans laisser de place à l’approximation.
Capacités de réaction – dynamique – rigueur
• Epics : The History of World ~ Orchestre Philharmonique de Prague & Chœurs
Fort de son alimentation conséquente, quel que soit l’intensité sonore requise, 404 se montre à la hauteur des épreuves que je lui ai infligées. Ne vous focalisez pas trop sur la puissance relativement « contenue » affichée à 2 x 50 Watts sous 8 Ohms. L’intégré 404 en a sous le pieds. Il aurait même de l’énergie à revendre, c’est dire !
Les « tempétueux » chœurs qui animent Carmina Burana de Carl Orff et illustrent la musique du film Excalibur sont absolument époustouflants et d’une verve à faire frémir. Réactif de nature, l’intégré 404 affiche une puissance de feu permettant de goûter pleinement à la fougue de ces compositions.
Non contant de privilégier la dynamique, cet amplificateur au « grand cœur » se montre absolument intransigeant en matière de stabilité et de constance. Les grands écarts de dynamique sont pris en charge avec un contrôle et une rigueur inattaquables. Quels que soient les enceintes acoustiques mises en œuvre, la partition se déroule sans aucune contraction. Cette agilité libère le message musical. On remarque également sur les charges complexes, que cet amplificateur a un comportement sain. Il fait preuve de discernement, laissant chaque groupe d’instrument ou instrument soliste jouer librement sa partition. L’expression vocale et orchestrale est toujours franche, fougueuse, mais jamais vulgaire ou trop extravertie. Au fil des heures, des jours, je me suis rendu compte que cette réalisation Suédoise se montrait inflexible en matière de stabilité et de constance.
Séquence émotion – sens de l’expression
• Jazz på svenska ~ Jan Johansson
C’est loin d’être le fruit du hasard en ce qui concerne le choix de cet album Jazz på svenska pour cette séquence consacrée à l’émotion. Cet amplificateur, particulièrement expressif, nous invite à retrouver toute l’âme d’un répertoire Suédois assez insolite, et une interprétation hors du temps, des modes et des standards habituels.
Cet amplificateur a ce don de vous faire voyager à travers les contrées sauvages Suédoises. L’intégré 404 vous invite à apprécier le talent du pianiste Jan Johansson et sa façon bien à lui de jouer sur son clavier et de partager son répertoire. Le piano est reproduit avec une adresse immédiatement perceptible. L’amplificateur a ce mérite de soupeser chacune des notes ; lesquelles sont diffusées avec une sublime spontanéité dans la pièce d’écoute.
La contrebasse est, elle aussi, absolument exquise à entendre. Elle ponctue les phrases musicales avec un aplomb irréprochable. J’irais même jusqu’à dire que la restitution fait preuve d’un sacrée célérité. Le suivi mélodique démontre que l’amplificateur travaille méticuleusement son sujet. Nous bénéficions alors d’une consistance ferme, d’une assise incontestable doublée d’une superbe densité.
De plus, fort de degré de résolution qui en résulte, nous percevons la manière dont le contrebassiste plaque ses accords et pince chaque corde de son instrument et plus généralement l’habilité avec laquelle il exerce son art. Ceci m’amène à pointer la souplesse et la superbe agilité avec laquelle l’amplificateur nous fait profiter de ces détails.
• Chambre avec vue ~ Henri Salvador
Chapeau bas pour la « prestation » d’Henri Salvador. J’ai eu le sentiment de vivre avec l’artiste à mes côtés. On décèle une prestation vocale immédiatement reconnaissable, chaleureuse, naturelle qui se marie bien avec l’accompagnement instrumental au timbrage rutilant. Nous assistons à une formulation pétillante doublée d’une justesse remarquable à donner des frissons de plaisir. Avec cet amplificateur, il faut le souligner, la musique revêt quelque chose de touchant.
A travers cet album Chambre avec vue, nous avons affaire à une reproduction physiologique qui vous donne ce petit pincement au cœur, finalement pas si souvent rencontré avec d’autres amplificateurs de même catégorie. Sur ce point, MOONRIVER amène un « plus » significatif. Il incite l’auditeur à déguster chaque plage avec un enthousiasme grandissant. A chaque moment, nous sentons cette volonté de tisser ce lien étroit avec l’auditeur.
En fait, j’irais même jusqu’à dire que cet amplificateur est une sorte de véritable « bible musicale » qui nous fait découvrir l’histoire et les dessous de chaque extrait. Il s’emploie parfaitement à faire un focus sur chaque instrument, sur la section vocale dévoilant toute la substance et la magie de l’interprétation, souhaitée sans aucun doute par l’auteur – compositeur – interprète.
• The Magic Flûte ~ James Galway & National Philharmonic Orchestra – direction Charles Gerhardt
• Legends ~ James Galway & Phil Coulter
Redécouvrir l’élégance de la flûte traversière de James Galway tout comme l’adresse avec laquelle il fait chanter son instrument aussi bien sur des répertoires classiques que sur des répertoires plus variés (celtiques), est en définitive une aubaine.
L’amplificateur MOONRIVER 404 a pour vertu d’inciter l’auditeur à écouter de la musique. Par sa philosophie, il donne au jeu de flûte une « posture » légère, aérienne à souhait.
Par sa conception technique « réfléchie », le choix des composants, nous arrivons à percevoir les différentes intonations que le maître flûtiste exerce sur son instrument. De multiples variations, de nombreuses vibrations, contribuent à rendre l’écoute émouvante, remplie d’un charme qui ne laissera personne indifférent. Dès lors, l’audiophile exigeant profitera toujours d’une musicalité enjouée. Oui, cet amplificateur nous adresse un message poétique d’une limpidité que j’apprécie réellement.
Sans vouloir, à tout prix, sortir des sentiers battus, le 404 a un sens inné du dialogue entre les interprètes et l’auditeur. J’entends par là qu’il n’y a ni voile, ni barrière entre l’expression musicale et l’auditoire.
Module phono MC
• Breakfast at Tiffany’s ~ Henri Mancini
• Nameless ~ Dominique Fils-Aimé (30 cm / 45 tr/m)
• Contrastes ~ Pachacamac
• Barry Lyndon (bande originale du film)
Pour la carte phono intégrée configurée en MC, on pourra faire confiance à MOONRIVER. Sa première caractéristique est son silence de fonctionnement. Pas de bruits de fond ne viennent perturber l’écoute. Cela nous conforte sur les nuances, les détails, ainsi que le contour des instruments et voix sur les meilleurs pressages et prises de sons.
L’écoute de Moon River ou Breakfast of Tiffany’s extraits de l’album d’Henri Mancini qui porte ce même nom se traduit par un véritable régal. Les cuivres bien lustrés, la précision des coups de cymbales, de la guitare et les multiples teintes du vibraphone démontrent une réelle volonté d’explorer le sillon de fond en comble pour en extraire toutes les subtilités. Par ailleurs, je retrouve dans cet album un sens profond de la mélodie et du rythme absolument délicieux.
Cette carte phono ne sacrifie rien de l’étendue de la scène sonore, notamment en largeur. Je choisis souvent ce rare disque vinyle « Contrastes » pour sa restitution aérée. Grand bien m’en a pris pour ce test. Je me suis aperçu que la reproduction révélait des contrastes étonnants. De plus, les différentes flûtes et instruments à cordes semblent danser devant vous avec une adresse étonnante. Nous assistons à une série de reliefs qui valorisent les instruments, affirment leur positionnement précis dans la pièce d’écoute.
Birds tiré de l’album Nameless signé Dominique Fils-Aimé est à tomber à genoux. Le pressage en 45 tr/m de haute facture ne serait rien si en aval la section phono n’était pas à la hauteur. La beauté du message vocal est prodigieuse. La diction, les respirations, et cette acuité dans l’expression dévoilent un sens profond de la communication, trahissant la présence physique de Dominique Fils-Aimé dans votre lieu d’écoute. Le jeu affirmé de contrebasse est tout aussi savoureux. Nous percevons immédiatement la façon dont le contrebassiste fait vibrer son instrument, sa technicité, et le glissement de ses doigts sur le manche de sa contrebasse pour trouver la juste note correspondante. Les percussions « virevoltant » au gré du rythme trahissent la réverbération du lieu de prise de son et le travail appliqué lors de la séance d’enregistrement.
Enfin, l’écoute de la bande originale du film Barry Lyndon réserve à son tour d’excellentes surprises. Tout comme l’amplificateur lui-même, il est incontestable que la section phono fait un travail d’analyse poussé. Les sensations d’émotions intenses sont perçues sans filtres. La musique est fruitée : elle s’ouvre sur des teintes colorées absolument exquises.
Sur les thèmes irlandais, on appréciera notamment le perlé de la harpe celtique et l’élégance avec laquelle ils sont reproduits. Cerise sur le gâteau : on décèle de bout en bout ce supplément d’âme qui vous incite à savourer la musique sans lassitude. Sur les extraits de musiques plus classiques, j’ai été très impressionné par le côté, somme toute, envoûtant.
Sur le plan esthétique, hormis la sérigraphie en façade, rien ne distingue les deux modèles. En face arrière, la distinction repose sur le choix de bornes HP WBT Nextgen. En revanche, c’est à l’intérieur, au niveau du total capacitif que le 404 Référence se différencie du modèle initial.
Le passage d’une capacité d’alimentation de 57000 µf à 107000 µf – dont 21000 sont réservés à la seule section pré-amplificatrice – permet de mieux tenir des enceintes acoustiques dont le filtre est complexe et, qui plus est, sont moins simples à driver. Autant dire que les enceintes HARBETH P3ESR XD sont davantage dans leur élément. Le gain est également perceptible avec des PE LEON Kantor, pourtant moins « gourmandes ».
Alors sur quels paramètres portent les différences entre les deux versions ?
Un tour d’horizon des différents extraits CD et disques vinyles met en évidence un supplément de poids sur les percussions dont la texture se veut aussi un peu plus organique. Avec les enceintes HARBETH P3ESR XD, les basses fréquences descendent plus profondément. Nous observons davantage de densité et de matière sur les jeux de contrebasse et sur les percussions, avec une meilleure définition qui accrédite davantage la sonorité de chacune d’elles. Bien que la version 404 « de base » ne fasse l’objet d’aucune critique négative dans le domaine de la rapidité, j’ai réellement eu le sentiment que la version 404 Reference était plus « musclée ».
Nous obtenons également un comportement gagnant en spontanéité et une « posture spatiale » plus étoffée. Cela se traduit par une scène sonore plus étendue en largeur et en profondeur. Les reliefs sont mieux accentués et les contrastes plus prononcés, plaçant davantage les instruments et voix solistes un peu plus sous le feu des projecteurs, sans pour autant qu’ils n’apparaissent projetés en avant.
Enfin, j’ai relevé un niveau de transparence ainsi qu’un détourage des instruments et voix plus « marqués ». Les grandes orchestrations sont aussi plus étoffées : on y décèle une dimension supérieure et une aération accrue.
Conclusion :
Plusieurs semaines d’écoutes ont permis de cerner le tempérament musical de ces deux amplificateurs intégrés Suédois. Les amplificateurs MOONRIVER 404 ne constituent pas une exception en soi dans cette catégorie de produits. Cependant ils amènent leur lot de bonnes surprises sur tous les critères objectifs et subjectifs. Extrêmement musicaux, diablement attachants, ils se distinguent par un tempérament chantant sur tous les répertoires. Mélodieux par nature, leur grande force est aussi leur transparence. Et si je vous dis qu’en compagnie de ces amplificateurs, « la musique nait du silence » ?
Prix 09/2022 :
Modèle 404 : 3200 €
Modèle 404 Reference : 4450 €
Carte phono MM ou MC : 540 €
Carte phono MM seule : 400 €
Banc d’essai réalisé par
Lionel Schmitt