Les platines disques vinyle ont une teinte sonore

L’édito de Lionel Schmitt

Les platines disques vinyle ont une teinte sonore

Dans l’édito de mars 2009, j’avais abordé sommairement le choix de la platine en fonction de l’état des disques, de la « sophistication » de la cellule, du bras de lecture, du préamplificateur phono, et plus généralement du reste de l’équipement audio.
Avec le temps et l’expérience, on peut constater que suivant les modèles de platines vinyles, ces dernières comme les amplificateurs, lecteurs CD, ou enceintes acoustiques peuvent proposer une restitution musicale différente d’un modèle à l’autre, et ceci en dépit des « accessoires » qui leur sont associées. Cela peut paraître fou, voir même grotesque, et pourtant chaque modèle a une empreinte musicale qui lui est propre.

Beaucoup de paramètres entrent en ligne de compte, et il serait fastidieux de les énumérer ici. Mais en comparant par exemple une Thorens TD 166 MK2 à entraînement par courroie à une Denon DP 30 à entraînement direct, associées avec la même cellule, et utilisée avec le même disque et sur le même équipement, il est incontestable que chaque modèle réagit de manière radicalement opposée.

Laquelle est la meilleure ? – il ne sera pas simple de répondre à cette question dans la mesure où les techniques d’entraînement du plateau sont différentes, les bras n’utilisent pas du tout les mêmes procédés d’horlogerie, le découplage est également différent, etc…. chaque concepteur ayant opté pour les choix qui lui semblaient les plus judicieux. Il est rappelé que les matériaux utilisés pour l’assemblage influent grandement sur la restitution finale, comme cela est d’ailleurs le cas pour les électroniques et les sources numériques.
Par ailleurs, on peut aussi constater d’une façon générale que bon nombre de platines actuelles utilisent une alimentation externe qui influe de façon très audible sur la musicalité générale. A ce titre, on peut prendre comme exemple le modèle Rega P3 standard et le comparer au modèle analogue P3 avec alimentation séparée.

Enfin, certaines platines offrent des sonorités plus empâtées, d’autres offrent plus de transparence, d’autres insistent sur le registre aigu, laissant la dynamique et le confort d’écoute de côté, etc…. Alors que faire, à l’heure ou l’offre paraît pléthorique, alors que paradoxalement, peu d’écoutes comparatives peuvent être effectuées ?
Il convient de garder la tête froide et surtout de bien cerner son besoin, en fonction (encore et toujours de l’état des disques) et du reste de l’équipement, qui comprend aussi le support sur lequel reposera la future platine. En effet, la platine vinyle – plus que tout autre équipement audio – est sans doute le maillon qui sera le plus sensible à ce support, au point même qu’il peut changer la donne sur le plan de la restitution sonore. On privilégiera un support stable, lourd, et de préférence bien découplé.

Si le câble de modulation fourni d’origine apparaît comme basique, il est toujours possible de le changer ou de la faire changer par un modèle de meilleure gamme, qui aura pour vertu de laisser passer plus de subtilités, de détails et de dynamique – les bons enregistrements n’en manquent pas. Enfin, comme il sera difficile de faire des comparaisons en Live, il est recommandé toutefois d’essayer de cerner la teinte sonore d’une platine, même si chaque modèle est présenté dans un lieu différent et associé avec un matériel qui l’est également.

Pour faire le bon choix, il sera nécessaire d’être réellement attentif et s’attacher aux détails plus ou moins perceptibles en se munissant lors de l’écoute d’un vinyle qui présente des passages bien connus de la part de l’auditeur. Évidemment, ce n’est pas simple, et cela nécessite d’être patient, mais au final le jeu en vaut vraiment la chandelle.
Non, le vinyle n’a pas fini de nous épater.