Correcteurs de timbres et filtres en tous genres

L’édito de Lionel

 

Correcteurs de timbres et filtres en tous genres

 

Il fut un temps, assez éloigné d’ailleurs, où une grande partie des amplificateurs intégrés ou préamplificateurs étaient munis de correcteurs de timbres. Dans beaucoup de cas, ces réglages se limitaient à « corriger » ou, plus exactement, à embellir le registre grave et le registre aigu dans une fourchette grosso modo comprise entre – 6 et 6 dB. Il n’était d’ailleurs pas rare que ces correcteurs soient complétés d’un réglage de médium, d’une fonction « Loudness » (correcteur physiologique), d’un filtre passe-haut et d’un filtre passe-bas.

Les possesseurs de tels amplificateurs avaient alors tout le loisir d’adapter leurs conditions d’écoutes, en fonction de la source (souvent analogique) du pressage des disques vinyles ou des cassettes pré-enregistrées, mais aussi en fonction des enceintes acoustiques, et du comportement de la pièce d’écoute.

Depuis le milieu des années 80, une grande partie des manufacturiers et même des grands constructeurs ont fait le choix d’abandonner ce type de fonctions. Leurs arguments sont souvent unanimes. En effet, tous ces réglages supplémentaires viennent « contrarier » les fragiles signaux qui transitent par l’étage de pré-amplification. Il faut avoir à l’esprit que le trajet du signal doit être le plus court et le plus direct. Par ailleurs, ces fonctions conduisent à l’implantation de composants actifs et passifs sur le trajet de ce signal qui nuisent clairement à la pureté de la musicalité. De surcroît, la simplification des schémas et la suppression de composants permet de faire une économie sur le coût de production et de se concentrer sur d’autres optimisations et de choisir des composants de meilleure qualité sur des endroits « clef ».

Certains d’entre nous pourrons regretter cette absence. Pourtant, certains constructeurs notamment Japonais persévèrent sur cette pratique. La plupart d’entre eux ont tout de même eu la bienveillance d’avoir complété leurs réglages de tonalités d’une fonction mise ou hors service.

Toutefois, on peut s’interroger sur l’efficacité de tels réglages. Ont-ils réellement une utilité ? En dehors d’avoir pour but de corriger à la marge certaines fréquences, ces réglages n’ont de nos jours qu’une « valeur » symbolique. Certes, leur présence contribue à « flatter » l’oreille. Cependant, le rapport bénéfice / risque de déperdition qualitative est plutôt en défaveur d’une telle démarche. En clair, ce genre d’artifices est parfaitement inutile.

S’agissant du filtre subsonique (ou anti-rumble) destiné à couper les fréquences graves, il a principalement une utilité pour les possesseurs de platines vinyles. La coupure intervient aux alentours de 40 Hertz (voir un peu au-dessus). Sa fonction vise à éliminer les très basses fréquences inhérentes au fonctionnement de la platine vinyle elle-même. Il évite les « effets d’accrochage » sur le fonctionnement de la cellule, et rend la reproduction des fréquences basses plus propre et plus précise. A cet effet, si besoin, ce genre de filtre est proposé en élément séparé. Toutefois, il est à utiliser avec parcimonie et si le besoin s’en fait sentir.

Lors de l’achat d’un amplificateur intégré ou un préamplificateur, il y a ainsi un travail de réflexion à mener sur la présence ou non de ces multiples réglages. Un bon revendeur spécialisé « physique » vous aidera à vous y retrouver et vous conseillera efficacement en ce sens, mais n’y attachez pas une importance déterminante pour le choix final.