Amplificateur analogique ou numérique ?

Amplificateur analogique ou numérique ?

Quelques réflexions en passant …
[ Janvier 2005 ]
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Fin 2004, un internaute audiophile de passage nous envoie des liens vers des essais d’amplis numériques, dans lesquels le journaliste s’enthousiasme pour cette nouvelle technologie :

L’auteur de l’article entend en particulier, au milieu d’un orchestre symphonique, un triangle qu’il n’avait jamais entendu.

Notre ami internaute se demande alors pourquoi les fabriquants insistent pour fabriquer des amplificateurs [analogiques] qui ne reproduisent pas tous les instruments stockés dans les enregistrements ?. ( Il semblerait en fait que l’ampli numérique écouté soit plus analytique que l’ampli analogique qui lui servait auparavant …)

Mais la question subsidiaire qui se pose est-celle-ci :

Y a-t-il une amélioration sensible de la qualité (ou l’inverse) lorsqu’on passe de l’amplification analogique à l’amplification numérique ? L’amplification numérique étant encore débutante en 2005, je me bornerai à citer quelques détails techniques, dans les mesures, qui apparaissent lors la lecture des bancs d’essais.
Attention, il ne s’agit pas de jugements d’ordre qualitatif, juste des remarques sur cette technologie débutante en 2005 (qui s’améliore …). Comme toujours, les différences lors de la mesure ne prédisent rien en ce qui concerne l’écoute !

Est-il vraiment possible de trancher actuellement ?

[ Des années sont passées depuis la parution de cet article,
mais je pense qu’il reste une base de discussion valable
malgré les importants progrès réalisés en amplification numérique.
Je reprends donc ci-dessous le texte de la réponse sur le forum ]

« Je voudrais signaler par exemple quelques petits détails techniques qui sont (peut-être) un peu oubliés en ce qui concerne les amplis numériques.
On a toujours quelques bizarreries dans les micro-signaux : par exemple, voici quelques relevés d’oscilloscope:

Distorsion résiduelle – bruit

Signal sinusoïdal à 1 KHz, préampli numérique.

Il s’agit pourtant d’un excellent préampli numérique (Méridian).

La courbe centrale représente la somme distorsion harmonique + bruit. L’ondulation est la distorsion résiduelle, et le « flou » est le bruit numérique.

C’est un point faible de tous les amplis ou préamplis numériques (en fin 2004).

Comparez ci-dessous avec un bon ampli analogique : cette courbe est plus plate (distorsion harmonique très faible) et très fine (pas de bruit HF).

(Le même signal dans un ampli analogique transistorisé).

Signal carré 1 KHz – 10 KHz

 

Forme du signal carré à 1 KHz, ampli numérique.

Remarques :

1) Il est mesuré à 1 KHz car à 10 ou 20 KHz (comme on le ferait pour un ampli analogique) il n’est plus spécialement carré… Ici, c’est excellent pour de l’amplification numérique.
Par contre, ce serait curieux pour un ampli analogique.

Hum… il y a des progrès à faire (il faudrait déjà travailler beaucoup plus haut en fréquence. On y arrivera un jour.)

2) Il y a des suroscillations. Cela rappelle la forme des signaux carrés dans un lecteur CD (dans le médium : dans l’aigu, pas de signal carré avec un CD).
Remarquez aussi que plus une seule revue ne montre ça pour les CD : c’est trop affreux !

A comparer avec :

Ici un signal carré très propre à 10 KHz (et non 1 KHz comme au-dessus) dans un ampli analogique [transistors]

Signal carré 15 KHz

Signal carré à 15 KHz, ampli numérique.
Dépassement à l’attaque du signal, et traces de HF sur les paliers.
Remarque : il y a un ou deux ans (avant 2005), jamais on n’aurait pu avoir un signal « presque carré » comme celui-ci à 15 KHz. Il y a des progrès ! Mais il y a encore à faire pour améliorer les mesures des amplis numériques (ou d’ailleurs des CD)…

Signal carré 40 Hz

Signal carré à 40 Hz, ampli numérique.

Beau signal pour du numérique (paliers horizontaux, donc belle tenue dans l’extrême-grave), mais toujours ce flou (normal pour tous les numériques) provenant du bruit numérique du Yam ?? ou du résidu de l’échantillonnage à 2.8 MHz ??

Ci-dessus, même mesure pour un ampli analogique [transistors]. Pas de résidu HF sur les paliers … car pas d’échantillonnage.

Les paliers presque horizontaux montrent comme au-dessus une bande passante étendue jusqu’à quelques Hz.

Mais alors, mais …
L’analogique est-il toujours techniquement parfait ?

Non, pas du tout ! voici pour nous consoler, l’allure de la distorsion à 1 KHz dans un ampli à tubes (prix 1200 € environ en 2005).

La ligne centrale est assez « ondulée » : La distorsion harmonique est d’environ 0,5 %

Et ici le signal carré « cabossé » à 10 KHz d’un ampli à tubes : traces d’une oscillation (bien amortie) à quelques dizaines de KHz

Et alors ? Et alors, il n’y a pas de gagnant …

Toutes ces mesures ne sont qu’un aspect de la question, et l’oreille reste le meilleur juge.

Comme vous l’avez maintes fois remarqué, les amplis à tubes, malgré des mesures en retrait, restent toujours très appréciés pour leurs qualités musicales.

En réalité, il semble bien que les qualités d’un ampli ne viennent pas de son type de fonctionnement (analogique à tubes, analogique à transistors, « numérique »), mais de l’intelligence de sa conception et de la qualité de sa réalisation …

Yves
Janvier 05