P.E. LEON MURANO
Origine : France
Enceinte 2 voies / 2 HP – bass-reflex
Rendement : 89 dB / 1w / 1m
Impédance nominale : 8 ohms
Puissance admissible : 70 watts
Réponse en fréquence : 45 Hz à 21 kHz +/- 3db
Dimensions : ( H x L x P ) 88 x 19 x 27
Faire connaissance avec une enceinte Pierre Etienne Léon est toujours pour moi un moment de bonheur particulier – quelque chose de pas commun en tout cas. Voici donc le récit de ma rencontre avec la Murano.
Le premier constat que l’on peut faire au premier abord est la qualité de finition de cette petite colonne 2 voies / 2 haut parleurs avec charge bass-reflex. Un magnifique placage extérieur lui donne l’aspect d’une enceinte d’un prix 2 à 3 fois plus élevé. Le coffret est réalisé en MDF haute densité, plaqué sur les faces extérieures et intérieures afin d’éviter toute déformation possible; l’ensemble du coffret trouve également rigidifié.
On notera que le constructeur a eu aussi la bonne idée de livrer la Murano avec 4 cônes de découplage en acier nickelé, réversibles afin de s’adapter à tout type de sol (un côté pointu et un sphérique). Le verso de l’enceinte ne reçoit en tout et pour tout que 2 fiches banane, de très bonne qualité certes, mais qui va toutefois limiter les possibilités de connexion ( pas de fourches, ni de fil nu ) et exclure la possibilité d’avoir recours au bi-câblage – mais est ce un réel défaut ? – Pas tant qu’on le croît en définitive.
Sur le plan technique, Pierre-Etienne LÉON s’est toujours employé à utiliser des solutions qui, il faut le souligner, ont toujours données des résultats musicaux de premier ordre. Ainsi, la Murano utilise le principe exclusif de charge acoustique interne « Cross-flow » qu’il a développé, et qui a fait ses preuves sur bons nombres modèles des gammes précédentes.
Ce système est composé de deux cavités couplées acoustiquement (parois non parallèles) créant une régulation du flux d’ondes à l’intérieur du coffret tout en équilibrant la pression derrière le haut-parleur médium / grave. Ce système permet de s’affranchir des effets habituellement néfastes des ondes stationnaires internes, tout en obtenant une réponse en fréquence très étendue dans le registre grave et très linéaire sur l’ensemble du spectre sonore.
Le tweeter à dôme de 25 mm est équipé d’une membrane en fibres textiles traitées, montée sur une suspension très souple. Le circuit magnétique utilise un montage particulier à double aimant néodyme.
Le haut-parleur médium/grave de 16,5 cm possède une membrane en composite polypropylène avec cache noyau inversé en matériau amorphe. Le circuit magnétique puissant est ouvert en son centre afin d’éviter les effets de compression à l’arrière de la membrane.
Le filtre répartiteur à déphasage minimal utilise des condensateurs haute précision à film polypropylène et des inductances à air insaturables. Ce filtre est relié en direct avec les haut-parleurs afin d’éviter les pertes par insertion dues à l’utilisation d’un circuit imprimé – autrement dit, Pierre Etienne LÉON utilise le principe du montage en l’air. Le câblage est réalisé à partir de conducteurs haute définition.
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ECOUTE
Les tests d’écoute ont été effectués avec le matériel suivant : amplificateur YBA Intégré Classic DT, un lecteur de CD YBA Spécial, ainsi que des câbles de modulation et HP YBA Diamond.
Test N° 1 : Dardanus de JP Rameau par John Eliot Gardiner
A dire vrai, la première impression d’écoute est surprenante. Comparée au modèle Quattro +, j’ai l’impression que la Murano délivre une sonorité plus terne, moins joyeuse, et peut être moins vivace que celle proposée par la Quattro. Mais finalement, on s’aperçoit que cette enceinte permet à l’orchestre de s’exprimer avec beaucoup de cohérence et de liberté.
Ainsi j’ai pu constater que la scène sonore était d’une belle profondeur. Sur le plan instrumental, les violons sont restitués avec beaucoup de classe, beaucoup de finesse, mais sans aucune agressivité. Le clavecin, sans être étincelant à souhait est néanmoins bien présent, avec toutefois une légère pointe de discrétion.
Sur le morceau » l’Entrée des Guerriers » qui se singularise notamment par des percussions musclées, la Murano propose une musique d’une grande propreté. Aucun effet de traînage n’est à déplorer, et les percussions sont restituées avec une belle rigueur et une vivacité très convaincante, mais je dois noter que la musique manque un légèrement de profondeur dans le registre grave; ceci est d’autant plus perceptible dans un auditorium de grande taille. En revanche, je n’ai pas trouvé que le volume sonore était restreint ou étriqué.
Test N° 2 : Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – Volume 2
Pour ce test, la Murano confirme son désir de communiquer avec force la musique avec un volume sonore qui emplit correctement la salle d’écoute. L’Orchestre Nationale des Pays de Loire et les chœurs qui l’accompagne prennent ici une belle dimension. Les instruments traditionnels qui interviennent ça et là sont clairement repérables et s’apprécient avec de nombreux détails. Sur certains morceaux, la ligne mélodique de la guitare basse est précise, mais manque là encore légèrement de profondeur. Le violon solo qui intervient sur de nombreux thèmes confirme la finesse la précision, mais c’est la fluidité qui prime ici avant tout : on ne déplore aucune trace d’agressivité.
Sur le plan général, la Murano privilégie le côté aérien de la musique, que l’on retrouvera et appréciera notamment sur les passages compliqués ou chargés. Là encore, on aurait pu craindre la perte de certaines micro – informations : eh bien ça n’est pas le cas, au milieu de la masse orchestrale on perçoit correctement le son d’un triangle ou l’accompagnement de la mandoline.
Test N° 3 : JARDIN D’HIVER – Henri Salvador
Le moins qu’on puisse dire est que la Murano rend un bel hommage à cet enregistrement de très haute qualité. Ici, on est conforté par les nombreux détails qui deviennent facile à cerner. Le côté humain et la voix suave d’Henri Salvador sont particulièrement expressifs et c’est toujours la douceur qui est à l’honneur. Sur cet enregistrement, on appréciera la profondeur de la scène sonore – un bon point également pour la hauteur et la largeur de cette même scène sonore. La guitare classique d’accompagnement est à la fois douce et précise, et se détache bien des autres instruments, notamment des percussions : chaque instrument est subtilement dosé.
Sans être d’une précision chirurgicale, les cuivres façon jazz ainsi que certains claquements de doigts qui illustrent le morceau » Mademoiselle » sont restitués avec un beau velouté et une finesse très agréable à écouter.
Test N° 4 : COLLABORATION – The Modern Jazz Quartet with L. Almeida
Le morceau » Valéria » met très bien en évidence la restitution du jeu de piano. Les attaques sont franches, les notes sont claires et bien définies, mais elles manquent un peu de poids. Le jeu de la contrebasse pourtant très précis et très spontané confirme une limite subjective dans la restitution de l’extrême grave. En revanche la Murano ne trahit pas la phrasé du jeu de cette contrebasse. La vibraphone très utilisé dans ce CD n’est jamais agressif; il chante magnifiquement sans aucune trace d’agressivité.
Conclusion :
Tout d’abord, la Murano n’a pas pour vocation d’épater la galerie. Cette enceinte est très neutre et cohérente, mais il semblerait qu’elle fasse même preuve d’une certaine discrétion. Moins vivante que sa soeur la Quattro +, elle a pourtant beaucoup d’atouts pour convaincre.
Savamment placée dans une pièce d’écoute et subtilement associée à un système audio vivant et pétillant, la Murano sera un partenaire de choix pour les mélomanes et audiophiles qui recherche une certaine rigueur dans la restitution musicale.
Cotations : |
Musicalité : 9 / 10
Rapport qualité – prix : 10 / 10
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Prix : 990 € ( 05/2007 )
Essai réalisé par
Lionel Schmitt
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