P.E. LEON QUATTRO ‘’ R ‘’ +
Origine : France
Enceinte 2 voies, 3 HP
Charge : bass-reflex
Sensibilité : 88 dB pour 1w à 1m
Impédance : 4 ohms
Puissance nominale : 70 watts
Réponse en fréquence : 40 Hz à 24 kHz +/- 3db
Fréquence de coupure : 2500 Hz
Dimensions : ( H x L x P ) 32 x 22 x 31
La P.E. LEON QUATTRO fait désormais partie du paysage haute-fidélité depuis un quart de siècle ! Pour ma part, j’ai eu la chance de connaître cette enceinte acoustique depuis sa première apparition, et j’ai eu le privilège de pouvoir écouter les différentes déclinaisons et évolutions qui se sont succédées au fil des années et dont vous pourrez lire ou relire les bancs d’essais dans cette même page.
Pour la petite histoire, ont succédé au modèle d’origine les versions Signature, SE, Référence, et le modèle +. Pierre-Etienne LEON de préciser en son temps que la QUATTRO ‘’ + ‘’ n’avait plus grand-chose à voir avec les modèles précédents, en dehors de la forme du coffret qui s’inspirait largement du modèle M1, et que seule la visserie était d’origine. D’ailleurs, la QUATTRO + avait déjà vu ses dimensions croître par rapport aux modèles antérieurs.
On peut légitimement de s’interroger sur ces évolutions successives et surtout cibler la ou les différences entre le modèle QUATTRO + présenté l’été 2006 et le tout récent modèle QUATTRO ‘’ R ‘’ + qui fait l’objet du présent banc d’essai.
Afin de se démarquer de la version ‘’ + ‘’, la nouvelle venue adopte le suffixe supplémentaire ‘’ R ‘’ qui signifie ‘’ Résolution ‘’.
La QUATTRO ‘’ R ‘’ + est une enceinte de type compacte deux voies équipée de trois haut-parleurs et filtre acoustique. Elle adopte le principe de charge bass-reflex avec évent placé en face arrière. L’évent de décompression est de forme conique : il contribue largement à limiter les bruits d’écoulement de l’air provoqués par le mouvement des haut-parleurs de grave / médium. Le principe d’autorégulation acoustique cher à Pierre-Etienne LÉON a été repris ici ; d’ailleurs pourquoi en changer puisqu’il a largement fait ses preuves !
Le haut-parleur extérieur est jumelé à un autre haut-parleur aux caractéristiques identiques et placé à l’intérieur de l’ébénisterie. Ces deux haut-parleurs « travaillent de concert » de part et d’autre dans une cavité commune. L’interaction acoustique qui s’effectue entre les deux transducteurs par l’intermédiaire de deux cavités rigoureusement accordées crée une régularisation de la courbe de réponse en fréquence et une étendue exceptionnelle du registre grave ne pouvant être obtenue avec une enceinte conventionnelle du même gabarit.
La conjugaison des deux membranes des haut-parleurs et du volume d’air constant de la première cavité crée un effet de piston acoustique qui excite le volume d’air de la seconde cavité arrière. L’évent débouchant à l’arrière de la seconde cavité joue alors le rôle de membrane virtuelle. Ce dispositif, par son action acoustique, régularise le couplage des membranes avec l’air (équilibre des pressions internes et externes), et annule les défauts qui auraient pu provenir du coffret (coloration, distorsion). De plus en régime impulsionnel, l’emploi de membranes de petit diamètre, donc de faible inertie, permet un comportement très rapide (dynamique spontanée) sans effet de tassement ni « traînage ».
L’architecture du coffret en MDF de deux centimètres d’épaisseur a été étudiée afin de fractionner les résonances des parois, et réduire à leur plus simple expression les ondes stationnaires, ainsi que la distorsion par intermodulation mécanique. L’ensemble de l’ébénisterie se voit également renforcé par un système de cloisonnement d’une seconde cavité interne. Un travail minutieux de recherche sur les matériaux amortissants internes a été effectué aux fins de réduire à néant les micros résonnances qui pourraient subsister. Enfin, les faces internes ont subit le même traitement en matière de placage que les faces externes. Je tiens d’ailleurs à souligner l’excellence de la finition : celle-ci n’a décidément rien à envier aux réalisations sous-traitées en Chine ! Comme quoi, il est bon de rappeler qu’en France, nous savons réaliser des éléments audio très concurrentiels qui n’ont pas à rougir des productions étrangères.
Le concepteur n’a pas renié le principe de la face avant inclinée initié sur le modèle M1 (en 1985). Il se justifie par l’excellente mise en phase entre le tweeter et le haut-parleur grave / médium apparent et contribue à asseoir la directivité ; comme quoi les « vieilles » recettes ont du bon, et elles ont même inspiré certains autres constructeurs.
Les haut-parleurs ont été spécialement développé pour P.E. LEON, et c’est – entre autres – à ce niveau que l’écart se creuse avec la QUATTRO +.
Le tweeter de 26 millimètre de diamètre est un modèle à diaphragme en double annulaire avec guide d’onde. Il est équipé d’une membrane très légère en fibres et soie munie d’une cavité arrière amortissante. Il est doté d’une bobine de 26 millimètres de diamètre. Parmi ses principales caractéristiques, on relève une puissance admissible élevée, une fréquence de résonnance très basse (aux alentours de 500 Hz), et une réponse en fréquence linéaire qui s’étend au-delà de 30 kHz.
Les haut-parleurs de grave / médium d’un diamètre de 15 centimètres adoptent une membrane en polypropylène et matière minérale. Le support de bobine mobile est en fibre de verre pour assurer un minimum d’amortissement. La bobine de 30,5 millimètres est en fil cuivre/aluminium pour réduire la masse en mouvement. Une bague en cuivre placée sur le noyau abaisse la distorsion par inter modulation. Enfin, une ferrite de 100 millimètres complétées par d’importantes plaques de champs équipe le puissant circuit magnétique.
Le filtre inclut de nouveaux composants de dernière génération reliés entre eux sans faire appel à un circuit imprimé selon le principe du câblage en l’air. Soucieux d’aller jusqu’au bout de la démarche qualitative, Pierre-Etienne LEON n’a pas hésité à installer des fiches bananes en cuivre / béryllium d’origine Multi Contact. Comme toujours chez le constructeur, ces fiches se limitent à deux et interdisent le bi-câblage et la bi-amplification – mais qu’importe !
Enfin, sur le plan esthétique la nouvelle venue adopte un nouveau cache haut-parleurs magnétique au format arrondi qui lui donne une touche originale.
ECOUTE :
Les tests d’écoutes ont été réalisés à domicile avec le matériel suivant : préamplificateur YBA Classic 3 Delta, bloc de puissance YBA Classic 3 Delta DT, lecteur YBA CD Classic Player 3 –Platine vinyle REGA RP8, cellule REGA Elys2 – câbles de modulation et HP ESPRIT Aura et YBA Glass et Diamond.
Une partie des tests a été effectuée avec l’amplificateur intégré SOLEN CV40.
Pour l’alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615, câble secteur G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque.
CD utilisés : CD test NAIM Sambler N° 6 – La Folia de la Spagna par Gregorio Panagua – Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire – The Singing Clarinet par Giora Feidman – ‘’ Requiem de Mozart ‘’ par Karajan – Ainsi parla Zarathoustra ‘’ de Richard Strauss – Direction Lorin Mazel – Double Jeux par Laurent Krocia – Dance Intro Internity » par Omar Faruk Tekbilek, etc…
Vinyles utilisés : Molière (bande originale du film) par René Clemencic – Tocca & Fugue de Jean-Sébastien Bach dirigée par Léopold Stokowski (1973)- Piano Trio No 2 in mi bémol majeur Op. 100 Andante con moto du D.929 ‘’ de Franz Schubert (Barry Lindon bande originale du film)
Je remercie le concepteur Pierre-Etienne LEON d’avoir mis à ma disposition cette nouvelle paire d’enceintes acoustiques pendant deux mois afin de pouvoir réaliser ce tout premier banc d’essai, dont j’ai le plaisir de vous faire partager mes impressions.
1° Découverte et premières observations
Sur le papier la nouvelle mouture perd en sensibilité 1 décibel, et de ce fait passe de 89 dB à 88 dB, ce qui pourrait laisser supposer que les amplificateurs de « faible capacité » en matière d’alimentation et / ou puissance aient un peu de mal à driver cette nouvelle mouture. En tout état de cause, avec l’équipement en place, je n’ai pas eu du tout le sentiment que cette enceinte acoustique était complexe à mettre en œuvre.
Ce préambule étant fait, je me demandais réellement ce que cette ultime référence pouvait apporter de nouveau, d’autant que dans la catégorie des enceintes compactes, il m’avait semblé que la QUATTRO + arrivait largement dans le peloton de tête des meilleures enceintes compactes (toutes marques confondues). De plus, pour m’émouvoir, il faut déjà y aller et je m’interrogeais sur ce que pouvait bien apporter ce nouveau modèle. Sur ce point, « Maître » Pierre-Etienne LEON s’est, une fois encore, surpassé et a réussi un tour de force et a réussi à me surprendre.
Dès la mise en route, j’ai déjà eu le sentiment que cette enceinte se comportait davantage comme une colonne que comme une compacte. Il émane de cette enceinte une sorte « d’aisance » en matière de spatialisation et liberté d’expression sur les quelles je reviendrais un peu plus loin. Ce « confort » d’écoute semble défier les caractéristiques physiques liées à la taille du coffret. Cela sous-entend que l’architecture interne a été pensée et réalisée sur des critères physiques précis associés à des composants méticuleusement choisis et installés de façon à laisser l’enceinte et la musique qu’elle véhicule s’exprimer avec beaucoup de liberté, et tous cas sans qu’aucune contrainte qu’elle qu’en soit l’origine ne vienne limiter subjectivement ses multiples talents musicaux et sa facilité d’expression.
D’une façon générale, un produit techniquement abouti n’est rien, si son concepteur n’a pas d’affinités avec la musique. Sans dévoiler ce qui va suivre, on sent très nettement qu’à travers cette enceinte acoustique le concepteur entretient un lien étroit avec la musique, ses interprètes, les compositeurs et orchestrateurs.
Si, comme nous allons le voir, la QUATTRO ‘’ R ‘’ + surprend, étonne, s’impose à plus d’un titre – à mon sens , elle apporte quelque chose « d’inédit » et voici pourquoi.
2° Les timbres – équilibre général
Décrire la caractéristique des timbres d’une enceinte acoustique est un exercice complexe et délicat, dans la mesure où les spécificités dépendent en grande partie des électroniques qui lui sont associées, de la source, des câbles, et dans une moindre mesure de la pièce d’écoute. Toutefois, la nouvelle QUATTRO mérite que l’on s’attarde sur chacun des registres.
J’avais conservé un souvenir mémorable des timbres des millésimes antérieurs, mais soyons sincères la mémoire auditive étant par définition volatile, la QUATTRO ‘’ R ‘’ + arrive à point nommé pour me rafraîchir la mémoire. Ce qui est certain est que cette mouture va plus loin que son ainée sur l’ensemble de la bande passante audible. Le changement de composants – les haut-parleurs entre autres – amènent une valeur ajoutée perceptible.
- Les registres médium et aigu
Le registre aigu est tout à fait singulier dans la mesure où il se traduit par une « légèreté » et une finesse hors pair. La définition des instruments qui « gravitent » vers le haut du spectre sont reproduits avec un ciselé tout à fait remarquable, et pour tout dire exceptionnel. Le son du violon de Laurent Korcia (Double Jeux) par exemple, vous montrera à quel point la teinte soyeuse et la précision sont reproduites.
L’excellence est de mise avec les extraits qui illustrent l’album de Giora Feidman ‘’ The Singing Clarinet ‘’ où l’artiste s’applique à donner le meilleur de lui-même, à faire chanter sa clarinette dont on perçoit aisément les multiples intonations en fonction de la manière dont il exerce son immense talent. On perçoit très clairement la technique du pincement de lèvres sur la délicate anche de son instrument de façon à « émettre » une foule de nuances. Un grand bravo pour les petits détails qui nous viennent des instruments accompagnant habillement l’artiste. De la contrebasse au son du triangle en passant par quelques coups de cymbales, quelques notes de harpe, la QUATTRO ‘’R’’ + ne se lasse pas de mettre en lumière tout ce qui contribue à enrichir chaque extrait, les rendre agréables, et donner à l’interprétation des traits authentiques. Pas de fausses notes ou autre forme de « dérapage » n’ont été relevées. Le basson sonne avec une justesse à faire pâlir : il intervient à quelques reprises avec sa sonorité boisé très naturelle.
L’harmonie entre les registres médiums et aigu m’a permis de bien cerner chaque instrument de musique, et d’en déduire que cette enceinte est douée pour garantir un détourage des instruments absolument irréprochable – une constante chez le concepteur depuis de longues années.
Par ailleurs, cette petite « surdouée » n’a pas son pareil pour traiter des harmoniques avec une forme de déférence qui montre bien que le concepteur a mis toute son énergie, son savoir-faire, et son amour du travail bien fait au service de l’auditeur. Qu’ils soient audiophiles ou mélomanes, les futurs possesseurs de cette enceinte seront forcément sensibles à la richesse qu’est capable de leur offrir cette enceinte acoustique qui ne force – notez le bien – jamais le trait.
- Le registre grave
A lui tout seul, le registre grave est un cas ! – il est à « consigner » dans les anales du monde de la haute fidélité. De mémoire, je n’ai jamais vu des fréquences graves reproduites aussi profondément et aussi proprement avec des enceintes acoustiques de ce gabarit. En outre, ce grave apparaît d’une « puissance » inversement proportionnelle à la taille des enceintes. Attention, toutefois, ne le croyez pas artificiellement omni présent. Lorsque la situation s’y prête, cette QUATTRO explore les soubassements avec une facilité et un suivi mélodique à faire « pâlir » un grand nombre d’enceintes colonnes qui capitulent assez vite à partir des 50 Hertz. Ce grave d’exception, on le doit à l’architecture pensée et réalisée avec beaucoup de pragmatisme et aux nouveaux haut-parleurs. Il est en outre le fruit de longues années d’expérience et d’optimisation, c’est-à-dire l’aboutissement de 25 ans de recherche sur un modèle compact.
Pour illustrer mon propos, je me suis attardé sur l’Ouverture de ‘’ Ainsi parla Zarathoustra ‘’ de Richard Strauss – Direction Lorin Mazel. L’introduction et le final aux grandes orgues est absolument fabuleux. Ces grandes orgues descendent réellement très bas sans aucune forme d’altération – cela relève même du prodige. Comment et où une aussi petite « boîte » trouve-t-elle ses ressources pour se comporter comme une grande. Nous avons un élément de réponse : la conjugaison des haut-parleurs de médium / grave, complétée par une architecture interne qui est le fruit de plusieurs décennies de mise en point. En tout cas, si les grandes orgues surprennent, les roulements de timbales qui ponctuent la partition « décoiffent » carrément. Là encore, pas de limites subjectives : le déferlement de ces percussions vous prend au plexus grâce à cette force et cette puissance qui n’appartiennent, le plus souvent, qu’aux enceintes acoustiques de type colonne et de préférence de gamme souvent très supérieure. De plus, ces percussions ont une texture pleine et les attaques montrent bien que la réponse impulsionnelle très rapide et parfaitement amortie n’est pas une vue de l’esprit. Par ailleurs, le jeu est toujours maîtrisé et très contrôlé ; il n’y a pas de craintes à avoir sur une quelconque forme de « débordement » ou d’emballement. Du jamais vu sur une enceinte de cette taille !
3° Transparence
D’un bout à l’autre de cette longue série d’écoutes, j’ai été complètement déconcerté par les capacités d’analyse de cette enceinte acoustique. La P.E. LEON QUATTRO ‘’ R ‘’ + a l’extraordinaire pouvoir de rendre la musique lumineuse.
Dans un grand nombre de cas, les enceintes acoustiques qui revendiquent ou qui brillent par une pseudo forme de luminosité proposent au final quelque chose qui se solde par une musicalité parfois emprunte d’acidité, des traits criards, ou pire offrent un haut / médium aigu décharné. Ici, ce n’est pas le cas, et c’est même tout le contraire qui se produit : le concepteur a savamment travaillé son sujet afin de préserver la douceur, la « formulation » la plus fidèle et naturelle qui soit, et les concilier afin d’obtenir une cohérence et une harmonie réalistes. Objet rempli : la limpidité qui en découle me rappelle étrangement la texture cristalline et aussi pure que celle des torrents qui prennent leur source dans les glaciers d’Islande où d’ailleurs. Cette image est bien révélatrice des « qualités » de cette enceinte acoustique en la matière.
C’est notamment sur ‘’ La Folia de la Spagna ‘’ par Gregorio Panagua que la magie s’est opérée lorsque j’ai pu déceler les infimes « substances » d’un triangle à la sonorité étincelante, et surtout me rendre compte du comportement du clavecin à la sonorité fruitée, et de la délicatesse de cet instrument à cordes « grattées ». Ceci lui confère une sonorité caractéristique qui prend alors toute sa signification. Les différentes et nombreuses intonations liées à chaque note sont reproduites naturellement avec une extension des harmoniques qui contribuent à enrichir le message sonore et donner le plaisir d’écoute attendu.
4° Présence – réactivité
La réactivité de cette enceinte se concrétise par une « puissance de feu » qui me fait également penser à celle que pourrait avoir une voiture de sport au démarrage et en reprise. Cela n’a finalement rien d’étonnant lorsque l’on sait que le concepteur est issu du monde de l’automobile d’une part, et qu’il entretient toujours cette passion pour les belles mécaniques. La nouvelle QUATTRO est une enceinte qui sait ce que vivacité signifie. Elle s’associera aisément et pleinement avec tout système audio qui comporterait des spécificités ayant un rapport avec le dynamisme. Cette enceinte réagit donc au quart de tour en toutes circonstances et les grands écarts de dynamique sont gérés avec un brio plutôt appréciable et qui s’affranchit de toute forme de traînage. A ce propos, le ‘’Requiem de Mozart ‘’ par Karajan illustre parfaitement cette vigueur et cette volonté de mettre en avant les chœurs qui secondent la soliste Maria Stader. Le contraste entre l’orchestre, les chœurs, et la soliste est sur point étonnant car la QUATTRO ne donner aucun privilège à l’un ou à l’autre. On sent bien que tout cela est calibré à la perfection et permet d’apprécier l’excellente diction propre à chacun des intervenants, donnant un air encore plus captivant à cette œuvre.
Par ailleurs, vous pouvez être assuré d’être en présence d’un sens du rythme qui vous colle à la peau sur les extraits musicaux très cadencés : la QUATTRO a de sacrées ressources et vous en fera profiter pleinement, en toutes circonstances, quelque soit le style de musique sélectionné.
Vous l’aurez compris, cette enceinte ne rechigne nullement à « grimper dans les tours » : elle se veut réactive, rigoureuse, et brille par sa grande souplesse. Sur ‘’ Valéria ‘’ interprété par le Modern Jazz Quartet, on appréciera cette rapidité et cette vigueur qui émanent du jeu de piano et de celui de contrebasse. Une attention particulière de ma part a été portée sur le jeu de vibraphone. Si les modèles QUATTRO des millésimes précédents ont toujours su tirer leur épingle du jeu de cet exercice difficile, il n’y avait aucune raison pour que cette mouture échoue. La QUATTRO ‘’R’’ + ne se contente pas de relever le défi, mais elle s’est permise de faire mieux : mettre en évidence une palette de timbres encore plus étendue et une matérialisation supérieure. Ce vibraphone brille de mille feux, mais par ce test, la QUATTRO démontre son agilité, et son art à gérer les fréquences transitoires avec une dextérité et une subtilité impossibles à prendre en défaut. Cette enceinte obéit au doigt et à l’œil aux sollicitations d’un amplificateur qui se veut tonique et réactif.
5° Scène sonore
Chose surprenante : la scène sonore prend une ampleur inversement proportionnelle aux dimensions de l’enceinte acoustique. La nouvelle QUATTRO n’est pas particulièrement directive et l’auditeur n’est pas forcé de rester campé au millimètre près au milieu du point d’écoute optimal.
Par ailleurs, le « principe » de mise en phase des haut-parleurs inauguré sur la M1 et repris sur les modèles successifs de la QUATTRO porte largement ses fruits. L’étagement des différents plans est bien marqué, et largement conforté par le registre grave décrit ci-avant. J’ai été, par exemple, séduit et convaincu par les différents reliefs que l’on peut observer sur la ‘’ Tocca & Fugue ‘’ de Jean-Sébastien Bach mis en orchestration et dirigée par Léopold Stokowski (1973). Chaque groupe d’instrument est logiquement positionné. L’ensemble de contrebasses et violoncelles vient se placer en bas de la scène sonore et légèrement en avant, tandis que les altos et violons viennent se superposer au-dessus de la masse orchestrale avec une légèreté mais une présence affirmée, donnant beaucoup de panache à l’ensemble.
Jamais la masse orchestrale n’apparaît confinée : la QUATTRO s’y entend à merveille pour laisser la musique s’exprimer en toute liberté et donner un panorama mélodique particulièrement complet. La musique se déploie confortablement en toutes circonstances. Mais surtout, la QUATTRO dévoile ses capacités à restituer une image en trois dimensions extrêmement stable y compris sur les « charges » complexes, et les grands écarts de dynamique – ce qui n’est tout de même pas rien sur une enceinte acoustique de cette taille et finalement dans cette gamme de prix.
Sur les petites comme les grandes formations orchestrales, la QUATTRO ‘’R‘’ + a ce don unique pour délivrer un message musical délié. On voit bien que les musiciens ou groupes de musiciens ne sont ni tassés ni « les uns sur les autres » : l’espace qui les sépare est appréciable et laisse beaucoup de place à un « message » aéré qui respire et permet d’avoir un œil et une oreille attentives sur des micros informations.
6° Communication avec l’auditeur
Compte tenu de ce qui précède, il serait surprenant de prendre en défaut cette enceinte sur les liens qui unissent les auditeurs et la musique qu’ils affectionnent tant.
Pour ma part, j’avoue avoir été bouleversé par l’extrait de ‘’ King Arthur ‘’ de Henry Purcell – Direction Alfred Deller et qui servit à illustrer la scène finale du film d’Ariane Mnouchkine ‘’ Molière ‘’. Cet extrait est tellement captivant qu’il vous « prend au tripes » et vous remémore cette scène qui dure et montre Molière agonisant. L’époustouflante « mise en scène » orchestrale et vocale colle impeccablement aux prises de vues ; avec ce baryton qui interprète le thème principal, vous êtes littéralement transporté vers un univers d’un autre âge – la sensation est réellement plaisante.
L’orchestration et les chœurs se détachent avec un contraste qui met particulièrement bien en évidence les moindres variations. Le rythme saccadé de cette œuvre vous colle à la peau par sa « beauté » incomparable. Grâce à la QUATTRO ‘’ R’’ +, on entend précisément les coups d’achet attaquer les cordes des violons, altos, et violoncelles qui jouent cette partition à l’unisson. Le clavecin sert en quelque sorte de rythmique, et la QUATTRO lui « donne la parole » : très bien mis en lumière, il prend ainsi toute sa place. La couleur des timbres est d’une authenticité bluffante. En dépit de la masse orchestrale et vocale, on distingue aisément « l’attaque » des marteaux qui frottent les cordes de l’instrument avec cet aspect étincelant qui accentue le côté percutant de l’œuvre. Décidément, tous les ingrédients sont réunis pour vous faire savourer cette œuvre dans des conditions optimales.
De cet album vinyle, j’ai apprécié également d’autres extraits. Sous la direction de René Clemencic, on peut aussi se faire une idée de l’absolu pouvoir de communication de cette enceinte sur l’extrait ‘’ le voyage ‘’ qui débute par quelques notes de guimbarde. Cette enceinte va fouiller tellement loin, que l’on distingue sans peine le mouvement de bouche de l’interprète, sa reprise de souffle qui coupera d’ailleurs le vôtre par tant de réalisme et de pureté.
Décidément, au fil des extraits musicaux qui se succèdent, au fil des notes qui s’égrènent, cette petite surdouée m’épate de plus en plus. Véritable vecteur d’émotions, la QUATTRO nouvelle génération ne retient pas son souffle pour établir un dialogue permanent avec les auditeurs. Sur ‘’ Piano Trio No 2 en mi bémol majeur Op. 100 Andante con moto du D.929 ‘’ de Franz Schubert, je vous confie que j’ai littéralement « fondu » et je n’ai pu me résoudre à contenir quelques sanglots. Cela montre qu’un auditeur sensible au charme de la belle musique sera touché en plein cœur tant les « ressources » de cette enceintes apparaissent comme inépuisables. Le tempo saccadé de piano qui accompagne le thème principal au violoncelle vous prend littéralement « aux tripes ». Quel bonheur de percevoir le vibrato de la main qui plaque les accords sur le manche de ce violoncelle « au cœur tendre ». L’alternance avec le jeu franc et saccadé du piano, d’une rectitude sans failles, est un vrai régal d’autant que lorsque le jeu de violon vient agrémenter la partition, cela m’incite à dire que la QUATTRO ne donne pas uniquement envie d’écouter de la musique, elle fait bien mieux que cela : elle vous donne envie de vivre avec elle !
Oui, la QUATTRO sort le grand jeu lorsqu’il s’agit de mettre en valeur toutes formes de nuances, de variations, « d’articulations » et de multiples détails – des subtilités que l’on aurait jamais entendu, ou que l’on aurait oublié. Je vous certifie qu’elle incarne en quelque sorte la « voix de son maître » lorsqu’il s’agit d’évoquer son créateur, sous oublier qu’elle constitue aussi la « voix de ses maîtres » si l’on évoque les meilleurs artistes, et ceux qui contribuent à rendre leurs enregistrements de la plus haute qualité qui soit.
Les différents extraits musicaux qui illustrent le CD ‘’ Dance Intro Internity ‘’ d’Omar Faruk Tekbilek m’ont prouvé que la QUATTRO ‘’R’’ + sait « parler » aux audiophiles et mélomanes qui recherchent des sensations ultimes en matière d’émotions. Si les musiciens ont du talent (ici ils en ont), la QUATTRO ‘’R’’ + leur rendra un sacré hommage. Le jeu de flûte, ses différentes intonations, la façon dont son interprète fait « vibrer » son instrument relèvent du prodige. Un telle « mise en scène » ne s’invente pas artificiellement : tout cela est contenu dans l’enregistrement, encore faut-il que le maillon final (en l’occurrence l’enceinte acoustique) soit en capacité de reproduire un tel foisonnement d’informations. L’accompagnement du oud (instrument d’origine arabe à corde) est tout aussi savoureux : les larmes peuvent couler car on entend à la perfection le contour de chacune des cordes avec sa propre couleur correspondant à une note précise, et l’application avec laquelle le musicien exerce son art aux fins de procurer des sensations extrêmes – une véritable cure de « vitamine musicale ». Il est établi que la QUATTRO ‘’R’’ + ne mettra aucune barrière entre les interprètes et son auditoire : elle permet à chacun de ces musiciens de les « toucher » profondément.
Conclusion :
Vous aimez la musique ? – ça tombe bien elle aussi ! La QUATTRO ‘’R’’ + entre à nouveau par la grande porte du monde de la haute fidélité. Ne considérez pas ce modèle comme une Nème évolution du modèle d’origine, mais comme une nouvelle enceinte acoustique à part entière. Certes, la QUATTRO ‘’R’’ + est le fruit d’une longue expérience, mais la mise au point de cette nouvelle référence a pris beaucoup de temps et d’énergie pour vous offrir ce qui se fait de mieux dans cette gamme de produits.
La QUATTRO ‘’R’’ + a décidément tout pour elle et permettra d’accompagner les systèmes audio les plus ambitieux, les plus respectueux des meilleurs enregistrements en votre possession. Alors, pour assouvir votre passion, et quelque soit la taille de votre pièce d’écoute, n’hésitez pas : « mettez du LEON dans votre salon » !
Synthèse : | Musicalité : sublime Appréciation personnelle : PEL au sommet de son art ! Rapport musicalité – prix : exceptionnel |
Prix : 2600 € (09/2015)
Test d’écoute réalisé par
Lionel Schmitt