ELAC BS 312
Origine : Allemagne
Enceinte 2 voies, 2HP
Charge : bass-reflex
Sensibilité : 87 dB / 2,83 V / 1m
Impédance : 4 ohms
Puissance nominale supportée : 75 watts
Réponse en fréquence : 42 Hz à 50 kHz +/- 3db
Fréquence de coupure : 3200 Hz
Dimensions : ( H x L x P ) 20,8 x 12,3 x 28,2
ELAC est une société Allemande fondée en 1926 et basée à Kiel dans le nord du pays. Elle conçoit et réalise depuis de nombreuses années des enceintes acoustiques. ELAC s’est toujours attaché à porter un soin méticuleux à la réalisation de ses produits, avec des composants « maison » qui au demeurant autorisent de porter actuellement la garantie à 10 ans notamment au niveau des tweeters JET. Jamais mieux servi que par soi-même, la grande majorité des enceintes ELAC est assemblée manuellement en Allemagne avec les normes très strictes, reconnues mondialement. Soucieux du bien être de ses clients, il convient de souligner que chaque enceinte est testée avant d’être emballée !
Jusqu’ici, je dois reconnaître que je n’avais pas cherché outre mesure à m’intéresser spécifiquement à la marque, mais comme l’occasion m’en était donnée, je n’ai pas hésité à jeter mon dévolu sur une enceinte que je qualifie d’atypique, ne serait-ce que par ses dimensions lilliputiennes.
La BS 312 appartient à une gamme d’enceintes compactes, mais vraiment très compactes au point que je me suis demandé si on pouvait les classer dans la catégorie des enceintes haute fidélité. Le concepteur n’hésite à signaler que si le concept n’est pas nouveau, il n’a cessé d’être amélioré au fil des années. Le tout était de savoir ce qu’il peut « ressortir » d’une enceinte d’une taille aussi minuscule.
La BS 312 est un modèle deux voies de conception bass-reflex. Son évent se situe en face arrière, mais il est curieusement positionné derrière le tweeter. Son Design est dicté par des contraintes techniques spécifiques. En effet, cette enceinte est, toutes proportions gardées, extrêmement profonde. Autre caractéristique peu habituelle : le coffret n’est ni en matière synthétique, ni en bois comme on peut le rencontrer habituellement sur les bookshelfs de la concurrence. Ce coffret est entièrement en aluminium ce qui lui confère au passage une rigidité à toutes épreuves. Par la nature du matériau employé, la BS 312 s’affranchit de tout risque de déformation dans le temps d’une part, et surtout de toute forme de vibrations liées au « déplacement » de la membrane du haut-parleur de médium / grave, d’autre part.
Sur le plan technique, nous savons finalement peu de choses. Le registre aigu est confié à un tweeter isodynamique de référence JET monté sur un support en aluminium. Ce modèle a fait l’objet de plusieurs évolutions au fil des années. Pour les fréquences médium et grave, ELAC a implanté un tout petit haut-parleur de grave de seulement 11,5 centimètres de diamètre qui aura la lourde charge d’aller « tutoyer » les fréquences les plus profondes. Les composants dont les selfs à air de belle dimension, ainsi que les condensateurs estampillés ELAC ont fait l’objet de toutes les attentions.
Outre l’évent de décompression et la référence de l’enceinte, la face arrière ne comporte qu’une seule paire de bornier interdisant le bi-câblage ou la bi-amplification. En revanche l’examen des bornes montre que l’on a affaire à du sérieux et grâce à ces connecteurs, l’utilisateur aura le choix entre le fil nu, les fiches bananes, et les fourches.
ECOUTE :
Les tests d’écoutes ont été réalisés en auditorium avec le matériel suivant : amplificateur intégré Moon 600 I – Drive Moon 260 D – convertisseur Moon 380 D – Câbles modulation Audioquest et HP Kimber Kable 4 VS.
CD utilisés : CD test NAIM Sambler N° 6 – La Folia de la Spagna par Gregorio Panagua – Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Double jeu par Laurent Korcia – Quiet Nights par Diana Krall – Celtic Spectacular sous la Direction de Erich Kunzel – Dance Intro Internity par Omar Faruk Tekbilek,etc…
1° Découverte et premières observations
Habituellement les enceintes de ce gabarit sont des petits modèles plutôt basiques, souvent destinés à accompagner des micro chaînes dont la musicalité ne peut rejoindre l’univers de la haute fidélité. La BS 312 bouscule totalement les habitudes et à ce titre créée réellement la surprise. La technologie embarquée et le miracle de la miniaturisation portent ici leurs fruits car cette micro enceinte acoustique se comporte comme une « grande » enceinte acoustique, sous réserve qu’elle soit placée dans un environnement de taille adaptée et que le système audio qui l’accompagne soit de « bonne facture ». Il ne faudra pas hésiter à lui associer un amplificateur bien alimenté et / ou de puissance substantielle car cette enceinte est gourmande en ampères.
Si ces quelques recommandations sont respectées, la BS 312 surprendra à plus d’un titre beaucoup d’audiophiles, et en tout cas ceux qui cherchent à écouter simplement de la musique sans se prendre la tête avec des critères subjectifs et des questions d’équilibre tout aussi subjectives, ou encore des critères techniques invraisemblables. En concevant cette enceinte acoustique, il me semble que ELAC a surtout voulu « toucher » un public qui recherche un rapport musicalité / prix optimal avec un encombrement réduit. A ce titre, j’ai très surpris de constater à quel point sa musicalité pouvait être attachante, grâce à une forme de « perspicacité » musicale qui ne pourra laisser personne indifférent.
2° Les timbres – équilibre général – transparence
Compte tenu de la taille du haut-parleur de grave / médium, il ne faut évidemment pas s’attendre à obtenir des fréquences graves abyssales. Cependant, en écoutant et en analysant le tempérament de cette enceinte acoustique, je crois que l’on en est plus là. Le véritable miracle se traduit par un équilibre général et une homogénéité qui font vite oublier les limites ou l’inexistence de l’infra grave. La musique se laisse écouter facilement, simplement, et la palette de couleurs tonales apparaît suffisamment étendue pour révéler la richesse d’un enregistrement bien réalisé.
A noter cependant, que le registre grave affiche une présence affirmée. Il est bien tenu, et sa présence n’a finalement rien n’anecdotique en regard de la taille du coffret. On l’appréciera sur les jeux de contrebasses ou de basse électriques et même sur les « roulements » de timbales qui accompagnent la rythmique d’un orchestre symphonique. Sa surprenante lisibilité est exempte de défauts, comme j’ai pu m’en apercevoir avec la jeu de contrebasse de ‘’ Valéria ‘’ interprétée par le Modern Jazz Quartet With Laurindo Almeida. J’ai été tout aussi et agréablement surpris par la rigueur de la contrebasse de l’extrait ‘’ Remember The River ‘’ interprété par Fred Simon (CD test NAIM Sambler N° 6). Cette contrebasse est parfaitement « contrôlée » et n’accuse aucun dérapage. Même en poussant le volume sonore à niveau élevé, vous n’arriverez pas à faire « talonner » ce petit haut-parleur d’à peine 11,5 centimètre de diamètre qui encaisse les coups sans courber l’échine.
Les registres médium / aigu forment un ensemble de « premier ordre » en matière de cohérence et de complémentarité. La finesse relevée contribue à rendre le détourage des instruments et des voix réellement abouti. La BS 312 cisèle de la plus manière qui soit les notes du violon de Laurent Korcia lorsqu’il « exécute » ‘’ Minor Waltz ‘’ extrait de l’album ‘’ Double Jeux ‘’.
La ELAC s’applique aussi à respecter et soigner la texture des timbres avec une restitution plutôt « lisse », voir soyeuse que l’on appréciera notamment sur les cuivres et, prend tout son sens sur les cordes et les bois. Je ne peux pas dire que le registre aigu soit privilégié de manière outrancière : il file haut lorsque la situation le nécessite, mais si l’on évoque la clarté il ne dépasse jamais « la dose prescrite ».
Si la « matière » n’est jamais absente, j’aurais apprécié un surcroît de grain sur certains instruments de musique. Cette réflexion de ma part est réellement marginale en regard des autres caractéristiques qui singularisent cette enceinte, qui s’affiche comme magique si l’on prend en compte la richesse qu’elle véhicule dans l’ensemble et plus particulièrement sur les harmoniques.
3° Présence – réactivité – scène et image sonore
Ne croyez pas un seul instant que les grandes orchestrations effraient la BS 312. La « petite » relèvera bien des défis et je ne me suis pas privé d’essayer de la prendre en défaut. ‘’ Celtic Spectacular ‘’ dirigé par Erich Kunzel rassemble des morceaux plutôt « musclés » et des orchestrations parfois compliquées à « digérer » par des systèmes (enceintes acoustiques comprises) un peu en manque de souffle. Pour le compte, c’est moi qui ai eu le souffle coupé car la réactivité de cette enceinte acoustique est étonnante à plus d’un titre : elle relève même du prodige. Même au sein d’un auditorium de grande dimension, la BS 312 se fait remarquer par sa présence, et par le fait même, de la présence des musiciens. Quelque soit l’intensité du message sonore, l’image est toujours stable, et j’ai pu apprécier l’absolue maîtrise des grands écarts de dynamique qui fait plaisir à entendre.
De cette toute petite enceinte émanent aussi une bonne humeur débordante et un aspect tonique que certaines colonnes pourraient bien lui envier. Outre, la gestion harmonieuse des grands écarts de dynamique, j’ai constaté que cette enceinte acoustique était réactive et ne laissait pas de place à une forme quelconque d’approximation. La BS 312 met l’accent sur la netteté, la clarté et s’applique en même temps à bannir toute forme de traînage ou de bavure.
La scène sonore est d’une ampleur acceptable, et pour peu que les enceintes soient judicieusement placées dans votre lieu d’écoute, grâce à leur excellent coefficient de dispersion, la scène sonore pourrait même prendre une dimension qui suscitera beaucoup d’intérêt. En tout cas, j’ai pu observer que la scène sonore était toujours très aérée et que les musiciens n’étaient à aucun moment confinés ou paraissaient jouer les uns sur les autres. La « disponibilité » de cette enceinte acoustique permet au contraire une excellente mise en perspective des instruments ou groupes d’instruments de musique et vocaux.
S’agissant de l’étagement des plans, bien évidemment celui-ci pourra paraître en retrait par rapport à des enceintes compactes de taille et de gamme supérieures et bien sûr des colonnes. Toutefois, là encore ma surprise fut grande lorsque j’ai écouté la ‘’ Tocca & Fugue ‘’ de Jean-Sébastien Bach dirigée par Léopold Stokowski (1973). On y distingue très précisément les différents pupitres, dont le groupe de contrebasses et violoncelles en bas, et les jeux d’altos et violons qui viennent coiffer la masse orchestrale plutôt abondante. Mais, ce qu’il y a de plus impressionnant est la profondeur de la scène sonore qui ressort clairement. On arrive à appréhender sans peine les instruments de premier plan, de second plan, voir même de troisième plan.
4° La communication avec l’auditeur
Le compte y est : la BS 312 sait parler à son « auditoire » d’une seule, belle, et intelligible voix. D’ailleurs, pour tester les voix, rien de tel que Diana Krall. D’un bout à l’autre de l’album ‘’ Quiet Nights ‘’, c’est une Diana Krall en pleine forme, en chair et en os, qui se produit devant et pour vous. Sa voix chaleureuse, particulièrement suave par moment, est ici délicieusement reproduite. Je trouve l’ensemble d’un naturel et d’un réalisme étonnant.
Différents thèmes de ‘’ Dance Intro Internity » par Omar Faruk Tekbilek montrent que cette enceinte acoustique s’inscrit comme un « vecteur » de communication qu’il ne faudra jamais sous-estimer. La BS 312 ne laisse aucun instrument dans l’ombre et je me suis même demandé où elle allait puiser toutes ses ressources pour vous faire partager les innombrables subtilités qui illustrent cet album. J’ai retrouvé avec bonheur les saveurs si particulières du jeu de oud, si fines et ciselées, mais aussi celles du flûtiste qui s’applique à faire « vibrer » son instrument d’une façon telle que cela vous « glace le dos ». Par son onctuosité, la petite BS 312 s’y entend à merveille pour transmettre de grands et beaux moments d’émotion et ainsi établir un « dialogue » constant entre les interprètes et ceux qui sont attentifs à la « beauté » musicale, et pourquoi pas au talent des musiciens. Ce tour de force est à porter au crédit de cette enceinte qui cache finalement de multiples talents.
Conclusion :
La minuscule enceinte ELAC BS 312 n’est pas un jouet. Elle est encore moins destinée à accompagner des mini ou micro chaînes de supermarché. La BS 312 est une enceinte haute fidélité à part entière. Le miracle de la miniaturisation doublée d’un savoir faire de près d’un siècle a permis au constructeur Allemand de produire une enceinte techniquement très au point, terriblement attachante sur le plan musical, et qui pourra s’exprimer pleinement avec des systèmes audio de qualité reconnue. On veillera simplement à l’installer dans un environnement et des conditions choisis avec minutie, alors dans ce cas, je vous prie de croire que la BS 312 peut donner beaucoup.
Synthèse : | Musicalité : surprenante Appréciation personnelle : enthousiaste Rapport musicalité – prix : bon |
Prix : 1690 € (11/2015)
Test d’écoute réalisé par
Lionel Schmitt